" Parle-nous des rues de Constantine ! " - La Rue G. Clémenceau

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Oui, je pourrais en parler, mais des livres beaux et bien documentés, consacrés à notre ville, l'ont déjà fait. Les rues, les avenues et les ruelles ont été répertoriées, numéro par numéro, photos à  l'appui. Les maisons, les magasins et les ateliers, tout a été retrouvé et les noms des propriétaires cités. Que pourrais-je faire de mieux ? Je me contenterai d'éclairer de quelques flashes, quelques endroits qui me plaisaient, dans quelques rues ! 

Si je commence par la Rue G. Clémenceau, ex-Rue Nationale (et qui fut aussi Rue Impériale en 1869), c'est en souvenir de mes classes primaires grâce auxquelles je l'ai bien connue.

Elle fut percée à travers la ville ancienne pour relier la Place de la Brèche aux Gorges du Rhumel. On ne s'y promenait pas comme " on faisait Caraman " , mais on y allait volontiers car on y trouvait DE TOUT ! Elle s'évasait en son milieu en une petite place, la Place Molière, d'où l'on pouvait aussi atteindre le Rhumel, puis descendait vers le Pont d'El-Kantara.

Elle regroupait aussi bien des professions libérales (plus d'une vingtaine de médecins, des pharmaciens, des avocats etc ...) que des commerçants : des magasins d'alimentation, de tissus, de lingerie et des cafés, des brasseries, des cafés maures, sans oublier des écoles, des ateliers, que sais-je encore ?

L'Ecole Ampère marqua mes débuts dans le Primaire que je terminai au (vieux) Lycée Laveran. Non loin, nous passions devant la Grande Mosquée dont parfois, les portes restaient ouvertes. Nous regardions la Grande Salle avec ses belles colonnes disparates et les nombreuses petites lampes suspendues au plafond. Cela nous semblait mystérieux et nous impressionnait.

La Place Molière était un point d'attraction : de  là partaient les ruelles de la vieille ville. Notre Lycée y était incrusté. En face, la Médersa avec sa belle coupole, attirait les regards. Elle dominait la Passerelle Perrégaux qui enjambait le Rhumel. On y accédait par un ascenseur qui était souvent en panne. Nous dévalions alors les escaliers, c'était plus que pittoresque ! Et nous avions la vision formidable des gorges.

Tout près du lycée se tenait toujours un marchand de bonbons auquel nous achetions surtout des pastilles de réglisse en boîte pour ne pas avoir à disputer les pâtes de fruits aux mouches ! Non loin nous avions un marchand de " blabis ", ces pois chiches  au  glaçage blanc ou du plus beau des roses ! Parmi les nombreux magasins d'alimentation, ceux qui affichaient : " Denrées Coloniales " étaient ceux qui nous plaisaient le plus par leur exotisme. 

Je faisais des stations devant la vitrine du " Bazar Oriental " qui m'évoquait " Les Mille et Une Nuits " ! (Bien plus tard j'eus mon petit salon arabe) .

Quelques belles maisons accrochaient le regard ; la façade de " La Dépêche de Constantine " était remarquable. Parfois mon Grand-Père m'emmenait " à l'atelier " , comme il disait. Il était situé sous l'un de ces grands immeubles. On y parvenait par une petite rue très en pente longeant un côté du bâtiment et perpendiculaire à la Rue Clémenceau. Et l'on débouchait sur une salle immense et claire, entièrement vitrée sur l'une des longueurs. Elle dominait les Gorges du Rhumel ! On se sentait comme suspendu aux parois du ravin. Les ouvriers de la forge s'activaient autour de machines puissantes qui, disait-on, étaient extrêmement perfectionnées pour l'époque.

Descendant toujours notre grande rue, on arrivait enfin au Pont d'El-Kantara qui menait au quartier du même nom et au Faubourg Lamy.

Il faudrait bien des pages pour décrire tout ce que regroupait notre Rue Clémenceau si vivante ! Avec ses commerces et activités si variées, sa population aux cultures diverses, elle était comme un  résumé du pays lui-même. Et cette cohabitation nous semblait naturelle ...

Rue arabe, projet de tableau - acrylique - 40 x 60 cm

Rue arabe, projet de tableau - acrylique - 40 x 60 cm

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