Le Djebel Taya
Pourquoi parler du Djebel Taya ? J'ai longtemps ignoré le nom de ce massif, mais en 2017 j'ai pu récupérer les textes de mon Père écrits aux environs de 1952 - sous le nom de " Algérie, mon beau pays - , devenus un blog que je publie .
Dans la seconde partie des "Trésors méconnus " j'ai découvert ce djebel que j'ignorais, curieux par son aspect massif, truffé de grottes, riche de gisements exploités et enrobé de souvenirs d'un culte disparu et de superstitions.
Le Djebel Taya dresse sa masse au Nord-Est de Constantine, au carrefour des anciennes voies romaines de la Numidie antique . Avec une altitude de 1055 m, il domine au nord la plaine de Guelma, il est situé entre Bordj Sabbath et Hammam Meskoutine.
Sa base est shisteuse : on y trouve des jardins et de nombreuses sources dont les eaux vont grossir l'oued Bou-Hamdane.
Au-dessus, le calcaire gris forme une forteresse truffée de cavités tel l'abri Tête de Mort : une voûte sur un balcon dominant l'abîme ; (une seule image hélas, de mauvaise qualité, à ma connaissance ...) .
Dans les nombreuses grottes, les gisements d'antimoine ont fait la richesse de ce lieu et ils furent déjà exploités par les Romains puis par les Français. On trouve aussi du cinabre, un pigment rouge vermillon utilisé en peinture.
Donc sur un plan strictement pratique, cette montagne représentait une source de revenus et des fouilles furent entreprises en 1847. La concession de la mine fut accordée en 1891 à un ingénieur venu du Puy-de-Dôme. On exploita une dizaine d'excavations. L'antimoine est utilisé pour durcir le plomb dans l'industrie de l'armement. Actuellement on espère extraire 25 à 39 tonnes par mois.
" Le culte de la montagne si répandu dans l’Antiquité a laissé de nos jours de nombreuses traces dans le monde rural nord-africain " nous dit l'Encyclopédie Berbère en 1991 ...
On sait que depuis la Préhistoire, les montagnes suscitaient à la fois vénération ou terreur des populations. Les sites religieux étaient souvent bâtis sur des hauteurs. Mais les profondeurs de la terre pouvaient être aussi objets d'un culte. Chez les Berbères il en était ainsi. On croyait en la puissance de génies bons ou mauvais. Lorsque vint l'Islam on put penser que ces superstitions allaient disparaître, mais que penser de la citation ci-dessus ? (1991)
Sur un flanc du Djebel Taya, une ouverture permet l'accès à ses profondeurs pour communiquer avec la divinité, en l'occurrence le dieu Bacax. On accédait donc au lieu du culte : Ghar El Djemâa. On sait que les Magistri de la cité romaine de Thibilis (près de Announa) venaient chaque printemps en procession pour des cérémonies qui comprenaient des sacrifices. Des inscriptions sont datées sur la période de 210 et 280 Ap. J. C.
Notons que dans une cavité du Chettaba - montagne bien connue des Constantinois - existait ce même rituel.
" Un lieu-culte est marqueur de territoire " . (Ridha Kaabia)
Les particularités du Djebel Taya ont fait de lui un terrain de recherches passionnant pour archéologues et spéléologues.
En 1937 on explora et fouilla "totalement" le massif mais en réalité, beaucoup restait à faire lorsqu'elles furent arrêtées en 1942.
J'avais mentionné les inscriptions de Ghar El Djamaâ mais dans les quatre grandes salles, les petites et de nombreux couloirs, il y en avait d'autres. En 1944 on trouva un crâne humain, celui d'un homme mais il était tellement minéralisé que les savants n'ont jamais pu se mettre d'accord l'âge de ce fossile !
Non loin de Hammam Meskoutine qui est une station Thermale connue et très fréquentée par les curistes et les touristes, le Djebel Taya est une curiosité qu'il faut connaître ! De simples touristes, des archéologues et des spéléologues professionnels ou amateurs parcourent les grottes et les couloirs dans " les entrailles du monstre " ; les photos et les films qui nous les montrent nous donnent l'impression d'une facilité extrême !
Qu'en est-il vraiment ?
La découverte de cette montagnes, ses ressources minières, le trésor de son passé spirituel et la beauté de ses cavernes en font un grand site qui, selon l'expression, " mérite un détour " pour les aventuriers de la planète !
M.P.B.
Curiosités méconnues - 2nde partie - Algérie, mon beau pays
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