Découvrir Tipaza - (Seconde partie)
16/01/25
192 ème article
Soixante-dix hectares de ruines romaines - incomplètement fouillés - s'offrent aux archéologues amateurs ou simples touristes nonchalants ! On peut envisager deux grands sites à visiter : le premier se trouve hors-les-murs, c'est la nécropole Punique évoquée dans l'article précédent. Le second est le Parc Archéologique photographié ci-dessus. Il est riche en édifices mais je ne les citerai pas tous (ne me risquant pas à faire oeuvre d'Historienne ou même d'un guide de "Tour Opérator " .
LA MAISON DES FRESQUES
Le Cardo Maximus est l'un des axes principaux de la ville. Il est bordé de piliers et autres restes des villas romaines disparues. La Maison des fresques , aux murs recouverts d'enduits riches de renseignements, fut construite au milieu du II° siècle. A la fin de ce siècle la ville était à son apogée. Je dois dire que le plan de cette villa luxueuse à l'époque, est quelque peu difficile à lire ... mais je remercie le CNRS !
LES GRANDS THERMES
N.B. ( La pancarte ci-dessus annonçait les Grands Thermes ... au féminin-pluriel ! Il me fallait rectifier cette faute d'orthographe !) .
L'AMPHITHEATRE
L'Amphithéâtre était l'un des édifices nécessaires au peuple, on sait combien les combats de gladiateurs attiraient les foules : le cinéma nous en a donné une idée ! Cela, dès sa création mais, après une période où les "peplums" furent délaissés par le public, le splendide film "Gladiator" ( en 2000 - film de Ridley Scott qui ne peut pas être qualifié de "peplum" - avec l'émouvant Russel Crowe !) , passionna de nouveau les spectateurs ( dont ... moi !) .
L'amphithéâtre n'est pas dégagé entièrement ; il a la forme d'une ellipse, la plus fréquente, et le sol est sableux pour éviter les glissades. Il est inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial en Algérie ainsi que le Théâtre romain de Tipaza. D'autres amphithéâtres, mieux dégagés et conservés montrent davantage l'ensemble des gradins - appelé "cavea" - car ils comprennent des zones de confort donc de prix, différentes, reflétant la hiérarchie dans la société comme dans nos théâtres ou opéras de nos jours. On oublie souvent que les combats des gladiateurs, au début de la création des amphithéâtres en 29 ans Av. J.C. , étaient intimement liés aux cérémonies funéraires. Cependant à la fin du II° siècle, alors que la ville était à son apogée, on peut être sûr que les combats de gladiateurs ou les spectacles plus élaborés avec des animaux, étaient uniquement consacrés au grand plaisir de la foule passionnée, toutes les classes de la société mêlées .
THEATRE ROMAIN de TIPAZA
Ce théâtre construit sur terrain plat, ce qui est rare, pouvait contenir 3000 à 4000 spectateurs. Une grande partie de ses maçonneries a été utilisée en 1847 pour construire un hôpital : c'était l'épidémie de choléra ! Le mur de scène a été détruit mais on voit la fosse dont les piliers supportaient la scène. Il subsiste encore des escaliers d'accès, les gradins du bas et un mur de briques dont la fonction était de briser les échos qui auraient perturbé le son, gênant ainsi les acteurs.
LE MAUSOLEE CIRCULAIRE
J'affectionne ce monument ou plutôt ce qu'il en reste, pour sa forme particulière qui rappelle deux autres monuments plus conséquents, dont j'avais parlé il y a quelques années et qui ont - peut-être - fait l'objet chacun, d'autres recherches et découvertes récentes. Ils m'obsèdent car dans ma jeunesse je les ai "vus" mais je n'appellerai pas cela une véritable "visite" comme nous en faisons maintenant. Ce n'était d'ailleurs pas le but du voyage. Quant à connaître l'intérieur de chacun d'eux, ce n'était pas imaginable ! Et je ne les verrai plus maintenant. Ces monuments dont je garde un souvenir incomplet sont Le Tombeau de la Chrétienne et le Médracen ...
Ce Mausolée Circulaire comportait des niches entre les colonnes. Chacune abritait deux sarcophages et au milieu on voyait un sarcophage plus important. Non loin du monument, la falaise était creusée d'hypogées. Cette façon d'abriter les disparus rappelle le "hanout" de l'époque punique.
BASILIQUES et TEMPLES
Le paragraphe précédent peut nous conduire à explorer les temples et les basiliques. Parmi les basiliques, il faut tout de suite isoler la Basilique Judiciaire. Son qualificatif indique sa vraie fonction : c'était une sorte de Tribunal.
Elle mesurait 58 m x 42 m . Elle était le plus grand des édifices de la Chrétienté de toute l'Algérie. Subissant les assauts du temps mais surtout ceux d'Hunéric sous la domination Vandale -(430) - il n'en reste absolument rien ... Seules ces colonnes et les vestiges d'une tour.
Au-dessus de la mer scintillante s'élève une falaise de grès rouge. Au sommet se dresse une basilique du IV° siècle, construite - ironie du sort - avec les pierres de temples païens, sur le lieu de la sépulture de Sainte Salsa. Cette jeune fille de quatorze ans, de foi chrétienne mais ayant des parents païens, les accompagna à une cérémonie où l'on glorifiait et honorait une idole ... - quelle drôle d'idée - qui était un dragon de bronze. Outrée par les excès des sacrifices, des libations et des débordements qui suivirent, elle coupa la tête du dragon ( en bronze !!!) et aussitôt elle fut arrêtée et martyrisée. On dit qu'elle acheva son oeuvre de destruction (... ???) , des miracles eurent lieu après qu'elle fût ensevelie décemment. Ce fait est situé au premier tiers du IV° siècle.
Le site " Et maintenant une histoire ! " - photo ci dessus - en raconte toutes les péripéties.
Hélas les restes des deux temples sont réduits ... Voici celui des deux qui présente un escalier plus conséquent : il est proche de l'Amphithéâtre.
De l'autre côté de la place le Temple Anonyme n'a pu livrer aucun indice : d'où son nom ...
Il y a bien d'autres ruines intéressantes sans oublier le Musée qui recueille des fragments fragiles ou dignes d'intérêt comme " La Mosaïque des captifs" de la Basilique Judiciaire, mais ma sélection prend fin ici. Je voudrais la clôturer par la belle image du NYMPHEE.
Un nymphée est un fontaine monumentale consacrée aux nymphes. Ici il est de forme semi-circulaire. Il était le plus beau d'Afrique du nord. Imaginons cascades et cascatelles déversant des millions de gouttes de lumière semblables à des diamants, entre les colonnes de marbre bleu du Chenoua voisin. Tout autour, les massifs de fleurs qu'évoquait Camus et les verdures, s'ajoutaient à la beauté des eaux jaillissantes. L'Aqueduc que l'on distinguait au fond est-il encore visible ?
Un mur entourait la ville pour la protéger mais elle fut détruite par les Vandales de Genséric en 430.
Avec les Byzantins, la plupart des villes retrouvèrent la paix et la prospérité en 534.
Après le VI° siècle, la décadence reprit... Les oueds débordants et les dunes envahissantes eurent raison des villes abandonnées.
Tipaza s'endormit au bord des eaux bleues ...
Au XIX° siècle, grâce à Stéphane Gsell, les premières fouilles réveillèrent la belle endormie. Mais il fallut attendre 1946 pour utiliser en Archéologie, des méthodes modernes et scientifiques.
Et maintenant, de nouveaux envahisseurs se répandent mais ils font des heureux : les TOURISTES !