La Medersa de Constantine
Article No 187
Je ne suis pas une spécialiste du monde Arabe mais il me plait d'évoquer la Medersa de Constantine telle que la représente cette photo car elle est pour moi une vieille compagnie ! Ayant été lycéenne au "vieux" Lycée Laveran pendant six ans, c'était mon spectacle favori lorsque j'arrivais au lycée ou pendant les instants où nous en attendions l'ouverture . Je l'admirais et imaginais un intérieur féérique comme dans les "Contes Algériens" que je re-re-relisais ou dans les films du genre "Mille et une nuits" que mes parents m'autorisaient à voir ! Plus tard, ayant retrouvé le Faubourg Lamy (où j'avais habité les toutes premières années de ma vie) et la rue Forcioli, j'ai connu de près le Lycée d'Enseignement Franco-Musulman. Il était indissociable de la Medersa car tous deux avaient le même Directeur.
(Référence de la photo : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:La_Medersa.jpg )
La Medersa de Constantine prend place au milieu du XIX° siècle (et au début du XX° siècle pour sa forme actuelle) , dans la très longue et très riche liste des medersas qui se sont succédé et ont essaimé à travers maints pays du globe terrestre, depuis la première créée, dit-on, en 1066, à Bagdad qui était alors la capitale de l'Empire Musulman (Karim Ifrak) . Elles fleurirent aussi en Asie Centrale comme en Afrique du Nord pour répandre l'Enseignement Supérieur dans diverses sciences, le droit, la philosophie , la littérature et surtout la théologie et les fondements de la religion par le recueil des actes et paroles du Prophète.
" Un décret du 30/09/1850 créa en Algérie trois medersas : à Médéa, Constantine et Tlemcen. Leur but était de donner à des jeunes gens, un enseignement juridico-religieux et littéraire afin de leur permettre d'accéder à de hautes fonctions administratives, judiciaires ou religieuses dans l'état " .
On qualifie le style de la Medersa de Constantine, de Néo-Mauresque ou Arabo-Musulman. Cependant l'Architecte en fut Pierre-Louis Bonnel et le Dessinateur : Albert Ballu, Inspecteur Général du Service de l'Architecture. Il apparait vraiment que l'un et l'autre avaient parfaitement compris l'esprit de l'art Musulman appliqué à ces édifices.
Il faudrait voir aussi les colonnes qui offrent des perspectives savantes et les sculptures pleines de finesse ...
On commença les travaux en 1906 et l'on put l'inaugurer an 1909.
Au cours de son histoire, elle évolua. Ce fut d'abord une Ecole Coranique puis une Medersa. En 1951 elle devint un Lycée d'enseignement Franco-Musulman et Université de Constantine en 1970 ... (J'abrège car les renseignements diffèrent !) .
Au début des années 60, elle fonctionnait donc avec le Lycée d'Enseignement Franco-Musulman, le Directeur gérant les deux établissements. C'était un homme de belle stature, d'une élégance discrète que ponctuaient de fines lunettes à monture dorée. On savait qu'il était Agrégé de Grammaire Française. Son Logement de Fonction était à la Medersa mais des travaux étant nécessaires il demanda à l'Econome (qui était logé au Lycée de la Rue Forcioli) , de venir les évaluer. Sa femme et les enfants étaient dans l'appartement mais une savante stratégie fit que l'Econome ne les vit pas ... Fraîchement débarqué en Algérie et loin de son Languedoc natal, il fut plus que surpris par cette coutume ! Les Musulmans ne l'appliquaient peut-être pas tous car l' un des professeurs du Lycée, également musulman, l'avait invité chez lui et son épouse présente avait particulièrement veillé à lui faire connaître les pâtisseries au miel ! Cette hospitalité était connue et se pratique toujours disent les gens qui sont retournés au pays !
Nous, nous ne parlions pas de "choc des cultures " . Eh bien oui ! les habitudes différaient. C'était ainsi, on s'en accommodait. La construction de notre Medersa avait concrétisé la réunion de "cerveaux" différents pour en faire LE temple du SAVOIR qu'elle a toujours été . Et elle continuera ...
M.P.B
Et pour terminer ... Le Marché ... Les Thermes - Algérie, mon beau pays
Marché de Cosinius - Carte postale ancienne Seconde édition - des photos, des notes en plus - Texte de Albert Bianco En remontant le Cardo Maximus, un arc massif aux colonnes engagées dans la masse
http://algerie-monbeaupays.over-blog.com/2024/06/et-pour-terminer.le-marche.les-thermes.html