Naâma : vous connaissez ?

Ksour de Sfissifa et de Tiout à Naâma - (El Moudjahid)

184 ème article

La première étape de notre périple à travers la Saoura nous avait fait connaître une population riche de ses traditions, celle d'El Bayadh. On trouve aussi des croyances et des traditions à Naâma (Aïn Séfra) mais elle a aussi d'autres particularités. C'est le chef-lieu de la wilaya du même nom et ce nom signifie "grâce ou bénédiction" . C'est aussi un joli prénom féminin qui peut s'écrire Naâima. 

La nature a doté ce lieu et ses environs de richesses en paléontologie et en art pariétal (art des parois) . Une vraie ... bénédiction !

Insolite Musée du Dinosaure à Naâma - Architecte : Grataloup

Os de Dinosaure - Musée de Naâma

Les villages fortifiés de l'Atlas sont des ksour célèbres comme Sfissifa avec ses sites de gisements de squelettes de Dinosaures,  de vrais musées à ciel ouvert.

Gravure rupestre : mais oui, il y eut des éléphants ...

On a dénombré 2000 gravures rupestres dans cette région. Elles datent du Néolithique. Elles sont comparables à celles du Tassili qui sont plus célèbres.

Asla - Oasis et Ksar - (Cat'zarts. Beaux-arts de Paris)

Mausolée de Sidi Ahmed Medjdoub

Le vieux ksar de Asla (Aïn Sefra)  a été fondé vers le XV° siècle. Il était lieu de transit pour les caravanes. Asla doit son nom à l'abondance du miel, donc des ruches, dans cette wilaya de Nâama.

Une fête traditionnelle attire, chaque début d'automne,  une immense foule de pèlerins venus pour pérenniser la tradition. Les Ouled Sidi Ahmed Medjdoub - on pourrait dire "les descendants"  plutôt qu'une confrérie - viennent à Asla pour célébrer la "Waâda" de ce Saint Homme dont l'un des ancêtres était compagnon du Prophète.

La prière réunit tous les participants. Mais ce rassemblement permet aussi  de se retrouver et de régler des problèmes surgis dans l'année. On s'affaire pour préparer un couscous géant pour tous les invités. Ce sont des moments de grande solidarité et qui montrent une fidélité touchante pour les traditions séculaires.

Ensuite, place à la Fête ! La Fantasia termine la journée en beauté.

Waâda - (LE SOIR d'Algérie)

Naâma et ses alentours ont bien des atouts pour attirer les touristes. Mais ceux-ci ne font que passer. Cependant une Française d'une autre époque fut conquise par cette région . Elle voulut y vivre et y mourir : c'était Isabelle Eberhadt. 

Isabelle Eberhardt - 1877-1904

Un simple paragraphe dans un article ne suffit pas pour raconter toutes les péripéties de sa vie, si courte mais si romanesque.

On peut retenir que c'était une femme aux multiples talents : écrivain prolifique, exploratrice, journaliste, érudite, polyglotte, cavalière émérite etc ... Cependant elle ne fut jamais considérée dans "La Bonne Société " ,  on verra pourquoi.

Elle naquit en Suisse, de "père inconnu" , elle porte donc le nom de sa mère - qui était d'origine russe - et elle fut élevée par le compagnon de cette dernière, un moujik anarchiste. Isabelle était pétrie de ses idées, de celles de J.J. Rousseau sur l'éducation et de la littérature de l'Islam ; elle s'habillait en garçon, avait des relations sexuelles libres, fumait le kif .

Elle se convertit à l'Islam lorsqu'elle vint vivre à Bône avec sa mère, "femme libre" elle aussi !  

Elle parcourut le Sahara habillée en homme, sous le nom de Si Mahmoud, cavalier et érudit. 

Elle habita un temps Batna. Elle écrivait beaucoup ; ses récits savaient peindre la réalité de la vie coloniale de tous les milieux. Ses critiques de l'Administration lui attirèrent la méfiance des autorités locales et elle fut expulsée !

Mais par son mariage avec Slimane Ehnni, sous-officier de Spahis, elle eut la nationalité française,  revint en Algérie et adopta la région d'AÏn Sefra. Elle mourut écrasée sous les décombres de leur maison que la crue de l'Oued avait détruite ... Slimane fut retrouvé vivant ; il mourut en 1907.

Le Maréchal Lyautey fit rechercher son corps et ses manuscrits. Elle repose au petit cimetière musulman de Sidi Boujemaâ d'Aïn Sefra. 

Les ksour, les palmeraies au milieu des immenses espaces de sable se succèdent dans la Saoura où je vous ai entraînés. Un pays de silence ? Ce n'est pas sûr : j'ai pu écouter d'étonnants enregistrements qui étaient "le chant des dunes" ! On a pu capter ce bruit étrange dû à la mobilité des grains de sable puisque l'on sait que les dunes se déplacent.

Si vous voulez avoir le sentiment d'être "là-bas" vous pouvez écouter ce faux-silence en fermant les yeux mais il faut d'abord chercher Youtube. 

https://www.youtube.com/watch?v=QD4FH-1xKrc

Merci à Xavier Sarrail 

TIMGAD ... sous un jour inattendu ! - Algérie, mon beau pays

Timgad - Arc de Triomphe de Trajan Seconde édition - des images , des notes en plus. Texte de Albert Bianco Je n'avais pas vingt ans quand, pour la première fois de ma vie, je découvrais, avec ...

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