La Route des KSOUR

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Taghit - village fortifié

Taghit - village fortifié

183 ème article 

Il y a des routes mythiques comme la Route de la Soie ou bien les Chemins "Jacquaires" menant les pèlerins à Saint Jacques de Compostelle - encore de nos jours - et qui furent la base de bien des rêves.

Plus près de nous, par la voie des airs : l'Aéropostale et par la voie des sables :  La Route du Soudan ou la Transsaharienne, lesquelles intéressaient l'Algérie.

Un immense et ambitieux projet commence à se réaliser pour tisser en Afrique du Nord un réseau de routes reliant les anciens  "Ksour" .

Mais pourquoi cet intérêt pour les ksour ? Recréer la route des Ksour, c'est vouloir retrouver les passages des antiques caravanes à ces carrefours des routes qui joignaient la Méditerranée aux régions de l'Afrique de l'Ouest. C'est vouloir connaître les paysages des sables or et ocre et aussi les sites quasi lunaires qui nous étaient inconnus.  

J'espère que mes amis Constantinois voudront bien, pour une fois, quitter notre rocher-nid d'aigle et nos ravins vertigineux du Rhumel pour savoir ce qu'était l'ancienne Route  du Soudan, au Sud-Ouest de l'Algérie, en suivant la Vallée de la Saoura.

Les sables de la Saoura

Les sables de la Saoura

Mais rappelons ce que représente un KSAR - (un ksar/des ksour) -   ce qu'il est aux yeux des Musulmans d'Afrique du Nord. 

C'est une fortification, un château ou un palais mais sans l'idée de luxe ou de richesse qu'évoquent  ces deux mots. C'est pourquoi dire : village fortifié ou place-forte me semble mieux convenir.

L'idée première était de construire un lieu sécurisé, à la fois refuge pour les habitants et grenier pour leurs provisions en cas d'attaque, dans des temps plus anciens. On les trouvait près des oueds, des oasis ou sur des promontoires. Les denrées étaient abritées dans des cellules, les "ghorfas" (chambres). 

Enfin rappelons-nous que le mot latin "castrum" ( fort ou place-forte) , a donné qasr - en arabe - et alcazar en espagnol.

Ces lieux attestaient aussi une grande cohésion liant les habitants. ( N.B. on ne dit pas "attester DE" quelque chose ! ) . Aussi y avait-il des célébrations mystiques et des fêtes qui renforçaient le tissu social d'un ksar.

Un gros travail reste à faire car il faut restaurer et consolider les anciens ksour -  dont certains sont plusieurs  fois centenaires et tombent en sable et poussière - et en construire de nouveaux !

Cours de la Saoura

Cours de la Saoura

L'oued Saoura, dans le sud-ouest algérien, est formé par la réunion de l'Oued Guir et l'Oued Zouzfana. Il est la limite ouest  du Grand Erg Occidental. Il pénètre au sud dans le Sahara à partir des montagnes de l'Atlas. 

Trouver une carte montrant à la fois le cours de la Saoura et les ksour-étapes est, hélas , mission impossible ... 

Si nous partons d'Alger ou d'Oran, notre première étape sera El Bayadh - qui s'appelait Géryville - avec son vénérable ksar Boussemghoun.

Ksar de Boussemghoun - par Vitamine.dz

Ksar de Boussemghoun - par Vitamine.dz

Vénérable est le qualificatif qui convient puisque, "d'après des sources historiques, il fut édifié au III° siècle de notre ère " ! Cela justifie son mauvais état mais sa réhabilitation est toute proche : le Ministre de la Culture l'a inaugurée.

A El Bayadh le Ministre de la Culture donne le coup d'envoi de la restauration de la "zaouïa" - ( Vitamine.dz )

A El Bayadh le Ministre de la Culture donne le coup d'envoi de la restauration de la "zaouïa" - ( Vitamine.dz )

Durant sa longue histoire, le ksar de Boussemghoun a vu changer plusieurs fois son  nom qui est celui d'un saint homme que l'on vénère toujours comme le prouve cette carte postale. 

Pour honorer la mémoire d'un saint homme, une fête locale (ziara) a lieu au printemps et en automne.

Pour honorer la mémoire d'un saint homme, une fête locale (ziara) a lieu au printemps et en automne.

La fonction mystique de ce ksar se retrouve dans les pèlerinages que font les adeptes de la confrérie dont dépend la zaouïa qui est un établissement scolaire religieux. S'y ajoute la culture populaire que représentent les fêtes traditionnelles  comme les Fantasias, le cheval ayant toujours été le meilleur compagnon de l'homme dans un pays rude.

Fantasia - ( Histoire d'El Bayadh, d'Algérie et divers )

Fantasia - ( Histoire d'El Bayadh, d'Algérie et divers )

El Bayadh, non loin de son célèbre Ksar; offre aux savants un large champ d'études : ce sont des gravures rupestres étonnantes qui datent du néolithique. Découvertes au milieu du XIX° siècle,  elles ont fait depuis, l'objet de maints ouvrages et  de nos jours, des moyens scientifiques nouveaux ont enrichi  la connaissance que l'on a d'elles ...

Gravure rupestre près d'El Ayadh

Gravure rupestre près d'El Ayadh

On ne peut clôturer cet aperçu d'El Bayadh sans rappeler qu'entre les deux guerres, Géryville, comme elle s'appelait, était le centre "alfatier" le plus important d'Afrique du Nord !

Alfa, graminée légère et utile ... (1jardin-2plantes)

Alfa, graminée légère et utile ... (1jardin-2plantes)

Un Ksar ... ce petit mot de quatre lettres, que certains ignoraient peut-être, évoque bien des choses. Nous essaierons d'en découvrir un autre. Ou plusieurs ...

M.P.B.

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