La Place Lamoricière à Constantine
17- 03 - 2022
La Place Lamoricière et la Place de la Brèche, situées dans le coeur de la ville n'étaient guère éloignées l'une de l'autre, l'Avenue P. Liagre - qui avait porté des noms différents - les séparait. La Brèche côtoyait la vieille ville percée d'artères modernes, la Place Lamoricière permettait plusieurs accès au Coudiat et aux quartiers élégants : Saint-Jean et Bellevue.
De beaux bâtiments la limitaient. Vu de l'Avenue P. Liagre, souvent nommée Avenue des Deux Squares, le Garage Citroën était juste devant nous, au fond. A droite, nous admirions le Casino ( Feu-le-Casino ... ) . Entre eux deux, trois directions s'offraient à nous : la Rue Séguy-Villevaleix qui longeait le garage et les deux autres rues, très en pente et semblant plonger vers le Hamma : la Route Bienfait et la Rue du 11 Novembre. Nous fréquentions peu ces deux dernières sauf pour aller à Philippeville !
En étant toujours face au garage et en remarquant la station Esso qui l'escortait , nous trouvions, à gauche et dans l'ordre : la Rue Rohault de Fleury - très fréquentée ! - la Rue A. France ou Route de Sétif et l'Avenue d'Angleterre avec le magnifique Hôtel Cirta qui était, en quelque sorte, le pendant du Casino.
Sur la photo ci-dessus, la masse de verdure , à gauche, est le Square Valée dont les grandes grilles ouvragées s'ouvrant sur la place, laissaient voir la statue du Général Valée au milieu des fleurs ; ce square était le conservatoire d'innombrables essences d'arbres et de fleurs. Il était tout proche de la Maison de l'Agriculture, un beau bâtiment construit en 1929, du pur Art Déco ( Architecte : Ange Journeau ) tout comme le Garage Citroën ( Architecte : Maurice Jacques Ravazé ) .
La place était donc entourée de constructions remarquables que je vous ai brièvement énumérées. Elles servaient de garde d'honneur pour une impressionnante sculpture, à la gloire d'un grand homme : Louis Juchault de Lamoricière - 1806-1865.
La statue de J. B. Belloc frappe dès le premier regard par une impression de mouvement, figé soudain en plein essor, comme un instantané photographique. Lamoricière semble littéralement surgir sabre au clair ! Il entraîne ses Zouaves et crie peut-être : " A l'assaut ! " . A ses pieds, un Zouave, la tête levée vers lui, sonne la charge. Au dos du monument, on voit la colonne suivre son chef en une grande ruée : on retrouve toujours ce mouvement ascendant. A la base du groupe armé se tiennent deux femmes représentant la France et l'Algérie.
C'est un morceau d'Histoire qui est devant nous.
A Constantine, nous étions donc à l'endroit exact où le Lieutenant-Colonel de Lamoricière avait attaqué le rempart défensif, avec ses hommes, lesquels lui avaient déclaré la veille : " Demain ou nous serons vainqueurs ou nous serons tous morts ! " .
C'était le 17 Octobre 1837. C'était aussi le début d'une histoire qui devait durer jusqu'au siècle suivant avec ses joies et ses peines ; là aussi il y eut " Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ... " .
Si les pierres pouvaient parler ...
A suivre : Les tribulations de notre statue - Quelques notes sur Lamoricière, Général et homme politique.
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