De grâce : de la pluie pour nos récoltes !
Dans tous les pays, cultivateurs, paysans ou simples amateurs de jardin, apprécient la pluie - en quantité raisonnable ! - pour leurs récoltes, leurs légumes et leurs fleurs. Chaque matin, on scrute le ciel, on tapote les baromètres.
" Les Rogations" étaient une tradition de l'Eglise ; en période de sécheresse surtout, des processions de fidèles parcouraient les champs, escaladaient les collines en priant . Cela ne semble plus guère se faire ; en 2017 cependant, l'évêque de Gap demanda aux paroissiens de prier trois jours pour demander à Dieu le retour de la pluie ...
En Algérie, un rituel allie à des pratiques musulmanes orthodoxes, des coutumes héritées des temps anciens et de leurs vagues d'envahisseurs : cela relève souvent de la magie.
L'Islam tolère ce rituel qui commence d'ailleurs par " l'Istisqa " , prière pour demander à Dieu de la pluie et qui est faite par un imam. La foule des hommes se tient , de préférence, près de la koubba d'un marabout vénéré dans la région. Si cette koubba est près d'une source ou d'un ruisseau, c'est encore mieux : on dira que la baraka est attachée au saint homme. C'est souvent, venue de loin, une réminiscence des dieux et des génies des sources, des arbres et de la nature sur ce même site et l'on peut y voir de la magie des lointains païens.
Une grande partie de la population participe à ce rituel nommé " Tlob en nou " . Les femmes et les enfants promènent à travers la campagne une "Ghandja" . C'est une poupée habillée ou ... une cuillère à sauce la représentant, avec ou sans habits de poupée, donc un ustensile pour verser de l'eau. C'est encore un souvenir du passé : la poupée évoque la déesse païenne de la pluie. On l'arrose au passage, des incantations l'incitent donc à " produire " de l'eau. Cela va jusqu'à un bain forcé des participants !
L'acte de " faire semblant " provoque ainsi par magie, l'action désirée.
Toujours dans cet esprit, les femmes font des offrandes à la nature, aux arbres, aux grottes. Elles y mettent des bougies ou des morceaux d'étoffes etc .
Selon les régions cette promenade de la ghandja comporte des danses sacrées rituelles pouvant aller à une exaltation, une extase " prophétique" .
On pratique l'aumône : en passant devant les maisons, ce sont les femmes du cortège qui la demandent, pour le repas prévu, . On leur donne de la semoule , de l'huile ou d'autres denrées.
Il y a aussi une idée de pénitence : on y participe non pas en habits de fête mais vêtu simplement ; certains participants jeûnent.
Et il y a aussi des sacrifices d'animaux qui rappellent les sacrifices humains de l'Antiquité. Le sang répandu est comme un liquide fertilisant pour la terre. On pense aussi au " bouc émissaire " .
On en arrive à la fameuse " Zerda " .
La Zerda est donc le repas pris en commun. Il est préparé par les femmes ; les plus vieilles préparent la soupe magique avec des herbes spéciales. La viande est celle des animaux sacrifiés. Parfois les miettes et restes sont répandus sur le sol, contrairement à la coutume musulmane. C'est encore une façon de fertiliser la terre
Quant aux ustensiles qui ont servi à préparer le repas, on cassera ceux qui sont en terre, on purifiera ceux qui sont en métal ; il faut séparer le sacré du profane.
Une " Fatiha " sera prononcée pour terminer cet ensemble de rites : c'est une sourate de fin.
Toutes ces survivances païennes sont donc tolérées par l'Islam et elles sont assez proches parfois de survivances européennes ... Mais oui !
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