Le Medracen
Il est impossible de parler du Tombeau de la Chrétienne sans parler du Medracen (prononcer Madracen) , son prédécesseur et modèle en quelque sorte puisqu'il date du III° av. J.C. - j'avais eu l'occasion de le voir auparavant. Mais le terme de "voir" est exagéré !
Je me suis demandé si le titre de l'article devait être : Chronique d'une non-visite - ou Chronique d'une disparition annoncée - ou Chronique d'une réhabilitation espérée !
Sentiments mitigés !
C'était dans la cadre d'un voyage de notre groupe, vers le Sud Algérien, dans un autocar auréolé de vapeurs d'essence. Nos monitrices étaient ignares en matière d'archéologie ! Toutefois, elles savaient vaguement que le monument en forme de grosse tortue que nous pouvions voir sur une petite élévation était célèbre. Le chauffeur consentit à faire un détour pour nous en rapprocher.
Disons-le tout de suite, la majorité de notre petite caravane fut imperméable à l'intérêt que pouvait susciter un empilement de "cailloux" . De plus, la vue d'éboulis et d'une brèche n'était pas pour valoriser le monument. Notre arrêt fut donc bref ; c'est pourquoi j'ai qualifié de "non-visite" ma connaissance du lieu !
Par la suite, j'ai pu associer ces calamités à celles du Tombeau de la Chrétienne : les hommes s'étant appliqués à escalader des monuments fragiles, avaient désolidarisé les blocs de pierre ; leur cupidité avait causé, sur chacun d'eux, des plaies béantes mais le canon employé dans les deux cas, ne leur avait toujours pas permis de trouver un trésor ! Bien fait pour eux !!!
Le Medracen se trouve dans la commune de Boumia qui fait partie de la willaya de Batna, dans les Aurès, l'une des villes les plus importantes d'Algérie, dont nous devrons parler. C'est une nécropole typiquement Berbère que l'on peut associer aux Bazinas. ( Les Bazinas - qui apparurent vers 2200 av. J.C. - étaient faites de pierres sèches, le défunt était posé sur le sol et au-dessus de lui s'élevait la construction en forme de cône aplati - le mot berbère veut dire "butte" ; elles disparurent à l'arrivée de l'Islam) . Ses dimensions : un diamètre de 59 m. et une hauteur de 18,50 m.
On pourrait aussi les rapprocher des " Gours " du Maroc.
Sur la " Gravure" , on distingue bien les colonnes doriques (elles sont 60 en tout) , les fausses portes, les lourds blocs en pierre de taille : lesquels sont rattachés par des crampons en bois de cèdre enrobé de plomb. Les bas-reliefs ont disparu. Les pierres se rejoignent au sommet en une petite plateforme (qui devait être couronnée d'une statue) .
Ce mausolée royal sera-t-il un jour au Patrimoine de l'Humanité ? Il est cependant déjà inscrit parmi les cent monuments en danger. Il perpétue, par son nom, le souvenir du premier Roi Numide : Madghis - qui serait un ancêtre de Massinissa et de la légendaire Dihiya Kahena.
La photo récente montre qu'on tente de le préserver en attendant une restauration extrêmement coûteuse, hélas. Une feuille de zinc recouvre une ouverture et des sortes de béquilles soutiennent ce qu'elles peuvent soutenir ! Le bois peut se pourrir ...
Des fouilles eurent lieu. Au XIX° des archéologues français ne trouvèrent rien, depuis longtemps, les pillards étaient passés par là. En 1854, l'armée recueillit divers objets autour du Medracen : des débris d'ustensiles et des lambeaux de tissus de diverses matières, des colliers, des médailles, des fragments d'ossements etc ... En 2015, des archéologues algériens purent accéder à une galerie de 7 m. de long. Il n'y avait qu'un reste de mobilier funéraire et des pièces de monnaie au milieu de morceaux de verre et de charbon.
L'architecture du Salon d'Honneur de l'Aéroport de Batna reprend, avec bonheur à mon goût, la forme si particulière du Medracen. C'est un bel hommage.
Le Medracen sera-t-il réhabilité et enfin sauvé ? L'Association des Amis de Medracen a élaboré plusieurs projets qui n'ont pas été repris.
Mais " Reporters ", quotidien national d'information, nous relate la visite de Monsieur H. Rabehi - Ministre de la Communication, Porte-Parole du Gouvernement et Ministre de la Culture par intérim. Je le cite :
"Le ministre précise notamment que la préservation de ce symbole était «une grande responsabilité qui incombe à tout un chacun». Il aura également fait savoir que l’Algérie était disposée à collaborer avec des compétences étrangères, ce genre de monuments étant «la propriété de l’Algérie et, dans le même temps, de l’humanité entière (…) Les organisations internationales intéressées par le patrimoine culturel peuvent manifester leur intérêt pour la protection de ce monument»
Nous n'avons plus qu'à espérer voir son souhait se réaliser ! Assez vite ...
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Conclusion / Post-Face - Algérie, mon beau pays
Cap Aokas : un rêve ... A la fin du mois d'Août 2017, j'ai commencé à publier les textes de mon Père que j'avais pu avoir en ma possession, dans les circonstances que j'ai décrites au début ...
http://algerie-monbeaupays.over-blog.com/2020/10/conclusion/post-face.html