Cherchell - Les temps modernes
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Cherchell : les traces du passé - Algérie, mon beau pays
Texte de A. Bianco Note Ce texte n'était qu'un projet, écrit au crayon sur une feuille volante, trouvée dans le manuscrit dactylographié. Il comprenait l'introduction puis l'énumération des r...
http://algerie-monbeaupays.over-blog.com/2020/03/cherchell.html
Comme une suite ... Texte de M. P. B.
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Les témoins du passé subsistant dans Cherchell nous ont permis d'imaginer ce qu'avait été la belle Césarée. Mais après, jusqu'à nos jours ? D'autres peuples, arrivés en vagues successives, l'ont marquée de leur empreinte .
L'édifice emblématique de Cherchell, celui qui, à lui seul, représente plusieurs vagues de cultures différentes, me semble bien être la Mosquée Annour ou Ar-Rahmâne (appelée aussi Mosquée aux cent colonnes) . Semblable à un temple gréco-romain, elle surprend par son état de conservation car on voit bien qu'elle n'est pas de facture antique. Elle fut , en effet, construite en 1574. A cette époque étaient déjà arrivés les " Morisques " , chassés d'Espagne à la Reconquista (achevée en 1492) . Ils étaient venus en nombre en Afrique du Nord et particulièrement dans cette région de Cherchell. Ils détenaient – nous le verrons plus tard – de nombreux savoirs dont ils firent profiter les gens de la région. Notamment en Architecture. L'édifice fut construit sur les vestiges d'un temple romain qui était dédié à des divinités gréco-romaines. Sa façade est ornée d'une colonnade (dont les éléments proviendraient des Thermes de l'Ouest) et l'intérieur est divisé en rangées de colonnes, d'où son nom. La mosquée recouvre 1734 m2. et comprend un patio de 160 m2.
Après l'arrivée de Français elle devint Hôpital Militaire puis Civil jusqu'en 1962 où elle garda encore cette activité. Elle a pleinement recouvré sa fonction de Mosquée en 1984. La légende d'un cheval ailé, en or, de grandeur nature, qui serait caché dans les fondations, continue de faire rêver ...
Les mausolées de marabouts vénérés ne sont pas tous à Cherchell mais dans les environs : ainsi celui de Sidi Brahim El-Ghobrini en direction d'Alger ou celui de Sidi Abdallah Nedjar à Ghardous.
Il nous faut parler de l'influence de la Culture Andalouse dans la région de Cherchell. On vit arriver, surtout à la chute de Grenade (1492) , les Morisques qui s'étaient convertis – plus ou moins - à la religion chrétienne en 1502 mais Philippe III d'Espagne avait fini par les chasser du pays en 1609. Ils étaient dans la partie occupée de l'Espagne et sur la région littorale de l'Afrique du Nord. Ils jouissaient d'une certaine liberté de culte. Ils étaient artisans, agriculteurs, navigateurs, architectes, élevaient les vers à soie ; toutes ces activités furent un apport de choix au pays. En 1515 les Turcs étaient arrivés et ainsi se répandit une culture à la fois arabo-musulmane et chrétienne, mélange à divers degrés selon les régions.
La Musique Arabo-Andalouse est un héritage des Morisques qui perdure. Cherchell en est le véritable foyer.
Son grand initiateur, musicien et poète fut Ziryab. Il était également astronome et géographe, bref un esprit éclairé – (789 Mossoul–857 Cordoue) . Depuis le IX° siècle, la musique arabo-andalouse lui doit beaucoup. Il modifia le luth arabe appelé " oud " dont il savait jouer à l'âge de douze ans. Il fut comblé d'honneurs par le Calife de Bagdad comme par l'Emir de Cordoue. ( Il avait fui son pays pour échapper à la vindicte de son professeur car l'élève avait brillamment dépassé le maître !!! ) . Il codifia l'amalgame de plusieurs musiques dont dérive le " malouf " .
Le Malouf – très en vogue à Constantine – découle de la musique andalouse ; il est influencé par l'Ecole de Séville et la musique ottomane. Il est différent de la musique arabe classique. Il transita de Bagdad à Grenade en étant passé par Cordoue. ( Le Flamenco, typiquement andalou, vient d'un métissage entre diverses cultures : chrétienne, musulmane, juive, gitane etc …)
Cherchell est donc un fief de cette musique. En 1977 une association – Errachidia – fut créée pour la faire connaître et la transmettre : un Conservatoire l'enseigne.
Une autre célébrité de Cherchell est son Ecole Militaire (1942-1962) . Elle forma les Officiers et Sous-Officiers de l'Armée Française, remplaçant ainsi les écoles de la métropole, occupées pendant la Seconde Guerre Mondiale ; elle est actuellement à Montpellier . En 1942 s'y est tenue la Conférence de Cherchell qui réunit le Général Clark et les représentants de la Résistance en Algérie pour préparer ensemble, l'Opération Torch. L'Ecole a assumé le formation des élèves, les rendant aptes à des tirs en grandeur réelle de TOUTES les armes. Sa devise est : " DVCIS ET TV SVSPICE CURAM " - Assume toi aussi la charge du commandement. En parcourant la liste des gens célèbres qui sont sortis de l'Ecole militaire de Cherchell (nombreux sont les morts au combat) j'ai relevé le nom de Paul Favre-Miville : c 'était l'un des moines de Tibhirine ...
Depuis 1962, la tradition perdure ; l'Ecole forme les cadres de l'Armée Algérienne et a pris le nom d'Académie Militaire Interarmes de Cherchell. C'est la plus grande d'Afrique car elle forme aussi des officiers des pays africains. Depuis 2019 elle est dirigée par le Général Major Salim Grid.
On ne peut passer sous silence un problème dont sont rarement exemptes les villes d'Algérie, au riche passé romain et qui ont un ou deux musées où sont conservés les vestiges du passé. Je cite un journaliste Algérien : Houari Larbi.
« A Cherchell, le désintérêt et l’abandon dans un passé récent des vestiges antiques ou historiques avait pris des proportions alarmantes. L’histoire moderne de la ville foisonne d’exemples dramatiques ou des sites entiers furent la proie du béton, bien que considérés comme patrimoine antique national, où s’érigent de luxueux palaces dignes des Contes des mille et une nuits. Les monuments historiques ont été délibérément détruits au vu et au su de la population locale. Les cas les plus édifiants sont la disparition de BAB ECHERK ou porte d’Alger , la porte de Miliana qui a aussi disparu, le Fort turc, rasé qui est devenu un parking désert, l’îlot Joinville est défiguré par sa reconfiguration nouvelle, ainsi que de l’hippodrome, vestige monumental unique, classé patrimoine national.
Dans un récent article, nous avions noté que certains anciens responsables culturels , voyaient dans cette situation «un état d’esprit et une vision éducative et pédagogique de la notion de patrimoine, dues à une absence de sensibilisation au concept historique perçu en terme de résistance et de luttes contre les invasion subies par Cherchell»
Des associations se sont élevées et estiment que «la réduction du patrimoine archéologique est inversement proportionnelle à la poussée des constructions illicites, anarchiques ou favorisées par des POS et des PDAU. »
HOUARI Larbi (Journaliste)
Pour terminer sur une nouvelle positive, citons le Petit Futé.
" Nouvelle découverte archéologique. Fin 2018, alors que les travaux pour le nouveau port de marchandises d'Alger (destiné à devenir un port de plaisance d'ici cinq ans) venaient de commencer sur la côte ouest de Cherchell, les ruines d'une ville enfouie dans les profondeurs ont été découvertes. Il est encore trop tôt pour savoir ce dont il s'agit exactement, mais les archéologues sont à l'oeuvre. "
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On peut ajouter qu'en 1990, au cours de travaux de la Gare Routière, on a mis au jour la Nécropole Orientale : Cherchell n'a donc pas livré tous ses secrets du passé. Cette ville offre aux touristes beaucoup de découvertes passionnantes dans la ville et hors les murs, là où se situent les sites antiques. Il faut connaître ses plages et son port : avec le projet d'El-Hamdania, il est appelé à prendre encore plus d'importance !