La Place du Palais

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

La Place du Palais

La Place du Palais était devenue la " Place Maréchal Foch " , mais nous continuions à l'appeler ainsi car le Palais de Ahmed Bey, devenu Palais de la Division - ( Résidence du Général Commandant la Division de l'Etat-Major ) -  devant lequel elle s'étendait, justifiait pleinement ce nom. Avec la Cathédrale, ancienne mosquée - cadeau spontané ou ... obligé à l'Etat Français ?? - il était l'un de ses deux  principaux ornements. 

Cette place avait ceci de particulier : elle n'était pas, comme les autres, disposée en étoile et n'était donc pas un carrefour de passage. Trois rues y débouchaient ainsi que l'escalier menant à la Cathédrale. La rue Sassy, la plus proche du palais abritait l'école Diderot, devant laquelle  j'attendais parfois mon petit frère ; la rue de Morès m'intéressait car j'y contemplais la vitrine d'un bijoutier et celle d'un coiffeur ; et celle du Dr Martin menait à la rue  Caraman en se terminant par la vitrine fleurie de Fernande, fleuriste bien connue.  

A gauche : Cercle et Mess des Officiers - Terrasse du Café M.

A gauche : Cercle et Mess des Officiers - Terrasse du Café M.

Le Cercle des Officiers ainsi qu'une terrasse de café se trouvaient sous une galerie, perpendiculaire au palais, donc face à la Cathédrale. L'Intendance Militaire était au fond de la place qui regroupait deux banques, un magasin de musique, Roques, où je m'approvisionnais en partitions musicales ; un autre, (Galli) vendait des articles de sport. Les commerces se tenaient aux rez-de-chaussée des maisons qui, assez semblables, donnaient une unité à l'ensemble.

L'activité des lieux était variable : la fonction militaire de la Place du Palais était la plus évidente, mais, certains jours, la Cathédrale avec son emplacement réduit, en bas de l'escalier, voyait les fidèles déborder sur la place également.

Un kiosque à musique se voit sur les cartes postales anciennes ;  il disparut un jour ... 

Pour les Fêtes Nationales, Prises d'Armes et défilés étaient la coutume. Voir, de notre maison, les défilés passer sur le boulevard, passage obligé pour se rendre de la Place de La Brèche à la Caserne - ou l'inverse - était habituel.  Mais, pour certaines grandes occasions, nous nous rendions devant le Palais de la Division, et nous nous regroupions sous la galerie du Mess des Officiers. Le spectacle était différent car la présence des Spahis à cheval, superbes dans leur burnous blanc était plus rare ! 

Spahis et leur fanfare

Spahis et leur fanfare

Spahi -  19ème siècle - Prêt pour la FANTASIA  !     Image d'Epinal

Spahi - 19ème siècle - Prêt pour la FANTASIA ! Image d'Epinal

Pour les sorties de messes, et surtout pour les cérémonies,  la place revêtait un autre aspect : les membres du Clergé, les séminaristes (nombreux à cette époque !!) , les communiants et communiantes s'y regroupaient. Le summum fut la venue du Nonce Apostolique : Mgr Roncalli. Revêtues de nos tenues de communiantes, voiles d'organdi ou de tulle au vent, nous ressemblions à des petites mariées. Occupation futile, pour tromper l'attente, nous examinions réciproquement nos robes ornées de dentelles, de plis dits " religieuses" , de volants etc ... Quant aux garçons, s'ils n'avaient pas eu un noeud de satin blanc à leur brassard, on les aurait pris pour de jeunes milords. - Quelques années plus tard, une aube blanche, élégante de simplicité, vint uniformiser ces flaflas et chichis !  

Monseigneur Roncalli devenu le Pape Jean XXIII

Monseigneur Roncalli devenu le Pape Jean XXIII

Enfin, entouré des membres du clergé, imposant dans sa robe rouge de Cardinal mais l'air débonnaire par son embonpoint et son bon sourire, le représentant du Pape arriva et vint vers nous pour nous bénir. Nous ignorions que nous avions devant nous le futur Pape Jean XXIII ! 

Intérieur du Palais d'Ahmed Bey

Intérieur du Palais d'Ahmed Bey

Telle était cette place qui, sous son aspect plutôt tranquille cachait des symboles très forts. Ahmed Bey y avait laissé son empreinte avec ce beau palais (dont il nous faudra détailler quelques merveilles) .

L'Armée gardait à l'intérieur de ses murs, des décisions et des secrets dont la gravité dépassait notre entendement de simples " pékins " ...

La religion recouvrait ses mystères ...

Les gamins de l'Ecole Diderot qui y déboulaient à certaines heures, connaîtraient un avenir peut-être différent ... Ils ne le savaient pas ...

 

 

Soleil couchant  -  Huile sur toile - Façon " jean "   -  détail

Soleil couchant - Huile sur toile - Façon " jean " - détail

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