La rue Rohault de Fleury
Le centre-ville de Constantine se situait - normalement - côté vieille ville. II regroupait la Préfecture, la Mairie, la Poste, le Théâtre, la Caserne, la Cathédrale etc, entre la Place de la Brèche, le Boulevard Joly de Brésillon et les Gorges du Rhumel. Mais dans les années cinquante, il se déplaça vers la Place de la Pyramide d'où partaient des directions qui semblaient plus attractives, par exemple : le Faubourg Bellevue, du côté opposé à la ville, ou, la Rue Rohault de Fleury (dont il était le prolongement) , côté inverse, peu éloignée des fameux "Deux Squares " . Elle supplanta peu à peu, la Rue Caraman.
Les premières maisons furent bâties en 1859. Les arcades qu'elles surmontaient semblaient tenir prudemment leurs habitants " hors-sol " ! Une façade donnait sur la Route de Sétif avec une vue splendide sur le Rhumel et au-delà. La seconde, côté rue, était toute proche des flancs du Coudiat auquel on accédait par de petits escaliers. Il y avait là, des ateliers, des écuries ou des hangars et il y eut même une fumerie de haschich.
Sous les arcades, plus haut vers la Pyramide, un local (au numéro 11) , fut la première église pendant presque soixante ans, avant que ne fût construit le Sacré-Coeur ; pour nous, bien plus tard, c'était la Salle Don Bosco ou " le cinéma du curé " où nous allions voir des films, pas trop récents, mais qui avaient un certain charme.
En haut de la rue, nous connaissions " les Comptoirs Numidiens " (Matériaux de construction et Quincaillerie) . Mais nous ignorions qu'ils étaient la survivance des chaudronneries et ateliers qui avaient duré jusqu'aux années Vingt. Les rebords de leurs vitrines servaient de postes d'observation aux garçons ! Entre les deux guerres, des commerçants avisés, sentirent venir l'évolution de cette rue et l'on y vit alors des vitrines élégantes, brillamment illuminées le soir. On y trouvait de la confection, des chaussures, des fourrures, de la maroquinerie, des coiffeurs, bref, tout ce dont avaient besoin les femmes élégantes. De quoi équiper la maison, des cafés, des restaurants, le prestigieux Hôtel des Princes, une caffeteria pour la jeunesse, des pharmacies, que sais-je encore ? Oui, cette rue pouvait attirer un public varié.
Ses arcades incitaient à la promenade à la manière de la passeggiata italienne. Elles permettaient aux filles, de parader en jupes serrées, chaussures pointues et coiffures super-gonflantes. Si le soleil était trop chaud ou s'il pleuvait , on pouvait lécher les vitrines ou faire une pause à la " cafett' " et il n'y avait qu'à traverser la rue pour aller chez le marchand de beignets !
J'ai appris depuis peu d'années que la jeunesse du quartier appelait cette rue " la Rue Rol' " . Je suis peut-être béotienne, mais je ne l'avais jamais entendu dire ! (Mieux vaut tard ...) . Il est vrai que je préférais mon circuit comprenant cette rue ET le boulevard Victor Hugo, la Place Béhagle etc !
Récemment des vidéos d'amateurs m'ont restitué des bouffées d'images de ces lieux. La rue devenue " Abane Ramdame " , semble toujours aussi animée. Les arcades sont encombrées de produits exposés à la vente. Un centre commercial, le " Hareem Center ", a été construit mais je n'ai pas pu en définir l'endroit. Les modes se succèdent : cette rue a encore de beaux jours !
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