Un bain maure à Constantine
C'est la grande mode des " hammams " , partout. D'après les publicités, il y en a de diverses classes et les prestations offertes varient selon leur " standing " Certains offrent des soins dignes des salons d'esthétique ou des " spas " .
J'ai pu en voir un, à Constantine, grâce à la jeune fille qui servait d'interprète à une Assistante Sociale Militaire. Deux jeunes filles " venues de France " en tant qu'observatrices, nous accompagnaient dans nos pérégrinations à travers la vieille ville. (Comme elles ne prenaient ni notes, ni photos, on pouvait en déduire qu'elles avaient une bonne mémoire ! ) . Un jour, nous nous sommes arrêtées devant un bain maure ; notre guide eut vite fait de négocier une visite.
Dès l'entrée, une " odeur d'eau " plus forte que celle des piscines, nous saisit à la gorge autant que la vapeur d'eau qui s'infiltrait de partout. Y avait-il les trois ou quatre salles réglementaires, de plus en plus chaudes, comme chez les Romains ? Je n'en suis pas sûre, mais le passage à la salle principale marqua nos souvenirs car la chaleur moite était devenue étouffante (entre 40 et 50 degrés ! ) .
Les peintures d'Ingres et Delacroix et celles des Orientalistes, ont popularisé les " Femmes au bain " et nous avons en tête de beaux établissements carrelés de céramiques multicolores et ponctuées de colonnes élégantes terminées en ces ogives particulières au pur Art Mauresque, entre lesquelles des femmes voluptueuses se prélassent ! Plus crédibles que ces peintures, des cartes postales montrent que ces établissements existent bel et bien.
Celui que nous visitions était plus modeste. Cà et là, des nudités émergeaient des nuages de vapeur. Il y avait peu de femmes ; elles étaient dispersées dans la pénombre et ne se parlaient guère. Elles étaient comme posées sur de grandes dalles, non de pierre, mais de ciment, attenant à des bassins de même matière. ( Cela ressemblait aux grands bassins doubles de la buanderie commune de notre maison) . Chacune d'entre elles semblait endurer stoïquement la sudation qui était censée mener à la relaxation-récompense. Quelques unes manipulaient des pièces d'étoffe trempées qui n'épongeaient rien.
Seule animation : dans un coin, une très jeune fille était littéralement étrillée par une solide femme, dont les chairs molles s'agitaient au rythme de ses énergique mouvements et qui devait être, je pense, la " harza " , la masseuse. Suffoquant sous des flots d'eau et de mousse, la petite ne semblait pas être à la fête ! Mais elle pouvait être sûre de ressortir comme-un-sou-neuf et merveilleusement relaxée.
Tel est le but du bain maure ; c'était une institution sociale chez les Romains et ce rite a gardé la pratique d'une certaine convivialité associée au bien-être.
Si vous voulez faire l'expérience de ces soins aquatiques, à défaut de hammam, vous avez les établissements thermaux. En chute libre après les années cinquante, ils ont développé des soins de remise en forme, beauté, relaxation et activités sportives, qui attirent de plus en plus de monde et même un public jeune. J'en ai fait l'expérience non loin de Clermont- Ferrand C'est très agréable !