Les oiseaux du " Vieux Rocher "

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

On compare souvent Constantine à un nid d'aigle. Voyait-on souvent et en abondance des spécimens de cet oiseau impérial ? Je n'en suis pas sûre, mais je suis certaine qu'il n'était pas rare de voir tournoyer dans le ciel, un aigle (ou un autre oiseau de proie) , lorsque, du haut de notre balcon-vigie, nous contemplions la vallée du Hamma et le Chettaba. Nous pensions à la pauvre bestiole apeurée, tapie là-bas, quelque part dans la vallée. Le rapace la guettait, elle allait devenir sa proie ...

Rappelons que la fauconnerie est une vieille tradition en Algérie et que le Dey d'Alger avait son fauconnier en chef.

Bien plus nombreux étaient les corbeaux (ou choucas ? ou freux ? ou corneilles ? ) que nous pouvions voir aux alentours du Monument aux Morts. De là, ils pouvaient plonger dans les Gorges du Rhumel qu'ils hantaient de leurs cris et croassements lugubres. 

Les corbeaux et Constantine, c'est une vieille histoire, au point qu'un adage disait (à peu près) : " Habituellement ce sont les corbeaux qui fientent sur la tête des gens ( !!! ) , mais ici ce sont les gens qui fientent sur la tête des corbeaux " . ( Charmant ! ) .

J'ai pu voir une carte postale très ancienne intitulée : " Le repas des corbeaux " . Elle représentait des hommes assis en rond au milieu de rochers. On pouvait reconnaître le site du Monument aux Morts qui n'était pas encore construit. Ces volatiles n'étaient pas loin d'eux. On parlait d'une tradition annuelle. J'aurais bien aimé en savoir plus. Y avait-il une histoire d'amour entre ces corvidés et la population constantinoise ???

On parlait de " l'homme au corbeau " dans les rites d'obtention de la pluie ...

Les hirondelles me semblaient bien plus sympathiques qu'eux. Elles avaient l'habitude de se regrouper sur les fils électriques, assez laids, qui festonnaient notre boulevard. 

Mais, ma grande affection allait aux cigognes. On les trouvait en un endroit bien précis ; leurs nids ornaient la vieille ville, la Souïka, sur les toits des maisons ou parfois, les minarets des mosquées. Elles nichaient jusqu'au pont de Sidi-Rached, lequel constituait un merveilleux poste d'observation.

C'était fréquent de voir un cigogneau voler pour la première fois. Flanqué d'une cigogne-monitrice, il tendait ses pattes raidies en deux ou trois sauts piteux pour tenter de décoller mais retombait ! Après quelques essais, il s'envolait enfin. La cigogne (père ou mère ? ) qui l'escortait devait prendre une mine satisfaite, mais je ne pouvais pas le  discerner de loin !

Autre chose amusante : les cigognes aiguisaient leurs becs, en faisant un véritable bruit de castagnettes, seule comparaison qui s'imposait.

Si je ne me fais aucun souci pour les rapaces, les corvidés et les hirondelles, je suis interrogative sur le sort des cigognes. Les antennes paraboliques ont dû fleurir sur les toits des maisons. Mais reste-t-il beaucoup de maisons dans la Souïka ? J'ai lu dans la presse algérienne qu'elles s'effondraient par pans entiers, victimes du temps. Des photos montraient des îlots  détruits mais aussi des reconstructions pour sauver cette partie de la vieille ville.

En allant en Alsace récemment, j'ai eu mon lot de cigognes ! Rares dans les années 50 et les suivantes, elles sont maintenant nombreuses dans cette belle partie de la France où l'on a favorisé le repeuplement de ces emblématiques oiseaux. On leur a construit de solides supports de nids, métalliques, et elles ont parfaitement compris la manoeuvre : des nids énormes surplombent les villes et les villages. Je dois le dire, cela m'a fait TRES plaisir !

Si par un malheureux hasard, Constantine avait perdu son peuple de cigognes, voici une solution pour le  retrouver ...

 

Cigogne - encre sur Canson - 40 cm x 30 cm

Cigogne - encre sur Canson - 40 cm x 30 cm

Voir  dans : " Algérie,  mon beau pays "

 Massinissa : Un amour à Cirta

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article