Oued-Hamimine a perdu ses ailes
Toujours dans le cadre des promenades " non-lointaines " , il y avait celle, encore plus limitée, de Oued-Hamimine si l'on ne poussait pas jusqu'au Kroubs (qui avait ma préférence) . Connu pour son aérodrome uniquement, ce lieu tirait son nom de son oued : " Hamimine " , qui rejoignait le Bou-Merzoug. C'était le siège de l'Aéro-Club de Constantine. Créé en 1927, ce club réunissait donc des mordus de l'aviation et fonctionna sur l'hippodrome de Sidi-Mabrouk jusqu'en 1932 ; son insigne représentait un aigle stylisé.
L'aérodrome abrita donc l'aéro-club puis, pendant la guerre, servit de base aux aviateurs américains ; dans la seconde moitié des années 50, ce fut pour les avions militaires français. Il eut des heures de fête et de prestige pour des meetings aériens, avant et après la guerre ainsi qu'un concours d'élégance. J'ignorais bien des choses de son passé mais je connus son dernier meeting en 1953 ; j'étais en âge d'en garder des souvenirs précis et uniques.
Comment oublier les acrobaties aériennes, les sauts de nos parachutistes, la présentation du Bréguet-Deux-Ponts, spectaculaire sorte de poisson volant au ventre lourd ! Le fameux aviateur, Marcel Doret, était dans ce meeting et je connaissais par mes parents son exploit : être passé sous le Pont Suspendu à bord de son petit avion, des années auparavant.
L'aérodrome avait un bar assez sommaire et ses hangars, aux toits de tôle ondulée, devaient sûrement dater de la guerre. On le délaissa en 1957 pour celui d'Aïn-el-Bey qui était plus éloigné de la ville. Il faut dire que nous avions une petite expérience des avions car, certains étés, nous nous envolions pour la France. Nous avons connu leur évolution, de façon modeste, il est vrai. Ainsi, ayant commencé par des quadrimoteurs que je suis incapable d'identifier, nous avons fait deux trajets en Bréguet-Deux-Ponts, modèle qui avait excité les curiosités, pour terminer par la Caravelle qui avait l'élégance d'un hirondelle fuselée.
Cette fois-là, ce fut un " aller-simple " . Ce n'était pas une atmosphère de vacances bien que ce fût en été. Nous nous tordions le cou aux hublots pour tenter de voir encore la ville, de distinguer notre maison, tandis que l'hôtesse de l'air, scrupuleuse, tentait en vain de nous refiler ses bonbons ...
Aujourd'hui, Oued-Hamimine est devenu une Zone Industrielle aux activités multiples ! On y trouve des industries pharmaceutiques et mécaniques ; on y fabrique des machines-outils, du matériel agricole et du matériel pour les travaux publics. Avec des partenaires étrangers comme l'Allemagne ou l'Italie, on produit des véhicules industriels utilitaires ou des véhicules de grandes marques. Et n'oublions pas des systèmes électroniques et des blindés, dans l'industrie militaire.
Comme un petit clin d'oeil au passé, j'espère que le projet de fabrication d'hélicoptères, avec l'Italie, a été mené à bien. Oued-Hamimine aurait encore un peu de relation avec le ciel ...
http://algerie-monbeaupays.over-blog.com/2017/10/l-aures.html
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