Les deux squares (Constantine) 2

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Dans chacun des deux squares, une statue justifiait le nom qu'il portait. Sur une haute colonne trônait une Marianne dans le Square de la République et le Maréchal Valée, figé, posait majestueusement au milieu d'un grand massif de fleurs, entouré d'affûts de canons, dans l'autre square, le Square Valée.

 Je considérais que c'était une immense et coquette corbeille de fleurs. Du côté opposé à la  vieille ville, l'entrée était ornée de superbes grilles ouvragées. Je m'attardais devant les roses, les somptueuses amarantes, de couleur pourpre, appelées " queues-de-renards " et les " crêtes-de-coqs " tellement curieuses. Nous le traversions parfois, en allant au Lycée, pour varier notre itinéraire.  Mais je le trouvais moins intéressant que son voisin : il n'avait pas de lieux variés et pittoresques comme ceux que je vous avais décrits ! Ah oui ! Il s'y trouvait bien une fontaine avec une vasque romaine et il possédait bien plus d'arbres. Sur ses bancs siégeaient de vieux messieurs, " les sénateurs " , qui refaisaient le monde avec leurs interminables discours.  Autour d'eux, jouaient les enfants. 

Ces deux squares avaient été, à la fin du 19ème siècle, un grand espace vert qui devait aérer la ville. L'avenue qui finit de le scinder définitivement, porta en dernier lieu, le nom de P. Liagre mais beaucoup de constantinois l'appelaient encore Avenue Lamoricière.

Dans l'affairement, nous croisions là les lycéens qui allaient donc vers la vieille ville. Au contraire, nous, les filles, allions vers notre " Nouveau Lycée " situé  au Coudiat   car nous avions abandonné l'ancien établissement proche des ruelles historiques. Au passage nous entendions des " Bonjour Mesdemoiselles ! " blagueurs et rieurs, auxquels nous répondions parfois. Peut-être ...  selon les têtes !!!

Cette avenue était souvent le lieu de défilés militaires. Les passants, entassés sur les trottoirs qui longeaient les deux squares, cherchaient à voir le fameux bélier enturbanné des Tirailleurs Algériens. La bête résignée allait benoîtement en tête de la Musique, devant le " chapeau chinois " de cuivre étincelant dont les clochettes et pompons s'agitaient joyeusement !  

Lieu de rassemblements, cette avenue était en quelque sorte nos " Champs-Elysées " à nous ! Bordée d'espaces fleuris, elle pourrait raconter bien des histoires. Mais, justement, cela est une autre histoire ... 

Paysage fleuri (de mes débuts !) - Huile sur papier toilé - 22 x 33 cm

Paysage fleuri (de mes débuts !) - Huile sur papier toilé - 22 x 33 cm

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