Voyage en Russie (1993) 3
Nous étions impatients de connaître Moscou en compagnie de nos nouveaux amis et hôtes. Un riche programme de visites avait été préparé mais je ne vous en donnerai qu'un aperçu !
Dès notre arrivée, notre fidèle car nous déposa devant la Cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux dont tout le monde connaît les curieuses coupoles, ne serait-ce qu'en photos.. Nous trouvions incroyable de circuler sur la Place Rouge ! Curieusement, elle " était (presque) vide ; devant nous marchait ... " Natacha, notre amie et guide à la fois. (Je suis obligée d'évoquer la chanson de G. Bécaud ! ) . Ce n'était pas encore le tourisme de masse. La fameuse tribune dominant le tombeau de Lénine attirait nos regards et elle semblait attendre de retrouver ses moments de gloire lors de futurs gigantesques défilés. Derrière les murailles de la citadelle qu'est le Kremlin, les hautes tours attisaient notre curiosité : il nous fallait attendre le lendemain pour la satisfaire.
Nous étions dans les lieux les plus importants et prestigieux de la capitale. Entrés dans le Kremlin, nous étions tous émerveillés et comme écrasés par tant de bâtiments majestueux et d'églises aux dômes rutilants. La Place des Cathédrales n'a pas d'équivalent ! Je n'évoquerai que la blanche Cathédrale-de-l'Archange-Saint-Michel, pour ses fresques et la cinquantaine de tombeaux des Princes et anciens Tsars de la Russie. Nous songions à nos Rois de France, partis en miettes après la profanation de Saint-Denis en 1792 ...
Notre car nous baladait à travers Moscou (plus de 9 000 000 d'habitants en 1993) et nous passions des quartiers modernes avec leurs gratte-ciels sévères aux anciens quartiers. Les vieux palais subsistaient, les restaurations avaient commencé. Des bâches abritaient leurs murs et les balcons étaient étayés. Les moulures encore blanches qui entouraient toutes les fenêtres faisaient ressortir les couleurs tendres, mais passées, de ces murs. Anciennes splendeurs ...
De nombreuses statues, du genre " Kolossal " rendaient hommage aux grands personnages (mais certaines avaient été déboulonnées) et aux héros de la conquête spatiale ; des groupes d'ouvriers et paysans célébraient les vertus du travail.
Le Goum, ce grand magasin qui avait dû, à la Belle Epoque, surpasser en prestige ceux de Paris, était une coquille presque vide ; nationalisé puis transformé en bureaux, il amorçait une renaissance ... Nous parcourions des galeries sombres ; parfois un étalage offrait, à la lumière d'une ampoule, des produits disparates ...,(Actuellement il est devenu le temple du luxe et une foule s'y presse) .
On nous fit visiter une banque : le samovar traditionnel était accompagné de bouteilles de Vodka. A dix heures du matin ... Je demandai à Boris, fils d'un professeur de Russe chez nous, si l'on pouvait refuser : " Surtout pas " me répondit-il ! Le Directeur de la banque, Igor, nous invita tous, le soir-même, chez lui. C'était dans une banlieue, l'immeuble avait le genre d'un HLM, l'appartement était meublé simplement. Il apporta des bouteilles de tous les apéritifs du monde ! Comme nous nous récriions, il précisait pour chacune d'elles " Celle-là, je la gardais spécialement pour votre venue " !
Un spectacle en soirée était prévu. Les étudiants avaient le choix entre le Bolchoï et le Grand Cirque de Moscou : ils choisirent le cirque. ( Une larme sur le Bolchoï ) . C'était un beau spectacle durant lequel, curieusement, une imposante femme entre deux âges, patrouillait entre les rangées ... Le public, peu démonstratif, applaudissait modérément. Notre groupe était nettement plus enthousiaste.
Une petite erreur dans l'organisation scinda notre groupe et, pour la première fois, nous avons pu partir à l'aventure sans nos guides. Avoir un plan s'avérait difficile, mais un heureux hasard nous fit découvrir un parc endormi avec peu de promeneurs : les pavillons et les statues nous stupéfièrent ! On nous apprit que c'était le Parc Panrusse des Expositions (ancien VDNKH) et qu'il y avait plus d'une quarantaine de ces pavillons. Quel regret de ne pas les voir tous ! Ce parc était donc désaffecté mais il est maintenant réhabilité et développé.
Voir " à fond " ce parc, comme visiter " tout " le Kremlin, était donc impossible ; à celà s'ajoute le regret de ne pas avoir vu entièrement le Couvent de Novodievitchi, un haut-lieu pour les Russes. Situé hors de la capitale, bâti comme une forteresse, il fut fondé au 16ème siècle. Il groupe des bâtiments monastiques, des mausolées et des sépultures de nobles et de personnages célèbres.
Moscou, cette ville gigantesque et faite de contrastes, nous avait réellement impressionnés. Je n'ai pu tout raconter ici ... Nous nous sentions parfois loin, très loin de la France . Le présent et le passé semblaient cohabiter. Cette année 1993 était importante : quelques mois après notre voyage, il y eut une grave crise constitutionnelle, la " Maison-Blanche " fut, en partie, incendiée. On sentait que la modernisation cherchait son chemin, non sans secousses ... La Révolution avait abattu le régime tsariste, mais les églises étaient bien restaurées ; la Glastnost avait facilité notre venue, mais on notait nos heures de sorties et retours dans les hôtels ! Nous nous étions forgé des amitiés. L'année suivante, nos amis professeurs purent venir en France ! Nous savons que le tourisme s'est développé et que les reconstructions amorcées se sont faites. Mais nous avons pu voir de près l' évolution de ce grand pays qui nous faisait rêver : la Russie .