SPELEOLOGIE CONSTANTINOISE 2
Nos connaissances en spéléologie se limitaient donc à la " contemplation " de la Grotte des Pigeons ! Mais un lieu mystérieux et secret, en pleine ville, nous intriguait fort : une grotte souterraine avec un lac s'étendant jusque sous la Place de la Brèche existait, disait-on, sous l'Hôtel de Paris. J'en avais eu le témoignage par une petite grand-mère qui, dans sa jeunesse, avait été lingère dans ce grand hôtel. Mais elle ne m'avait pas dit que les touristes, à cette époque, pouvaient faire des promenades en barque sur le lac. Ce serait bien impossible maintenant, les eaux usées du bâtiment s'y étant déversées par accident ! Eh oui ! On a redécouvert cette grotte que l'on nomme Ras Eddouames. C. Djeghim et son équipe l'ont explorée et filmée. Dans celle-ci, comme dans la Grotte des Mouflons ou la Grotte des Ours, ne vous attendez pas à voir des " draperies " ou des forêts de stalactites et stalagmites : les concrétions cristallines, lorsqu'elles existent, ont les formes originales de grands choux-fleurs blancs quand les " bouquets " sont serrés. Quand ils sont plus écartés, ils ressemblent à du corail blanc (avis tout personnel ! ) . Ces deux cavités du rocher de Sidi M'Cid nous étaient inconnues.
Mais d'où venaient donc les jeunes gens armés de gaules de roseaux, la tête ostensiblement couverte de mouchoirs noués aux quatre coins, que, de mon balcon, je voyais revenir des tunnels ? On me disait qu'ils étaient allés chasser les chauves-souris (censées venir s'accrocher à leurs cheveux ! ) . Cette coutume, destinée à éloigner le mauvais sort, perdure de nos jours, nous dit le Professeur Mourad qui milite pour la protection de ces petits mammifères. .
La Grotte des Mouflons, ainsi nommée parce qu'on y avait trouvé les ossements fossilisés de ces animaux, porte une inscription du 19ème siècle et a été squattée. Deux cents mètres au-dessous d'elle, la Grotte des Ours, où l'on avait recueilli des silex datant du Néanderthal, était devenue une étable ... Aux alentours, le Club Spéléoman fera sûrement d'autres découvertes.
Nous ne sommes plus sur place, mais, a posteriori, nous pouvons toujours enrichir nos connaissances du vieux rocher. Bien des choses nous avaient échappé ... Nous n'étions pas bien informés. Nous n'étions pas parmi les lettrés qui lisaient les textes de A. Debruge, lequel avait exploré avec passion ces lieux qui nous sont encore chers. Mais mieux vaut tard .....
" Eau et rochers 2 " - Papier travaillé et Acrylique sur Isorel - 25 cm x 45 cm