De l'Armée ... au Music-Hall !
Je n'épiloguerai pas sur " la nouvelle carte militaire " instaurée depuis des années car les mystères de la Défense ne sont absolument pas de mon ressort. On peut regretter la mort de ces belles bâtisses qu'étaient nos casernes mais, par chance, certaines ont une seconde vie. Transformées en logements, commerces, facultés ou lieux de culture, elles retrouvent une dignité.
A Moulins (Allier) , dans l'ancien quartier de Cavalerie, sur la rive gauche de l'Allier, la caserne Villars (construite au 18ème siècle et classée Monument Historique) , est maintenant Centre National du Costume de Scène. C'est, depuis 2006, la première structure de conservation du patrimoine des théâtres et opéras. Les expositions changent tous les quatre ou six mois. Je m'y trouvais pour celle intitulée : " Déshabillez-moi ! Les costumes de la Pop et de la Chanson " . J'en ai donc manqué de plus prestigieuses, mais celle-ci était tout de même intéressante. Le titre évoque une chanson de J. Gréco, vous l'avez remarqué.
A propos de Gréco, ses robes de scène, comme celles de Barbara ou Piaf, sont sombres-sombres, mais le répertoire de ces dames de la Chanson l'exigeait. Tout le contraire de celles de la Lady actuelle (dont je ne suis pas du tout " gaga " ! ) . Là, nous avons droit à des plumes, des couleurs et des imprimés de tissus très-très colorés. Mais on trouve une sobre et grande élégance aux robes de J. François, chanteuse des années 50, comme à celles de Conchita Wurst actuellement. Encore que, pour cette dernière, la juxtaposition de sa barbe noire avec des robes si belles, forme un contraste qui laisse perplexe. Notre Johnny est adepte du blouson de cuir mais, dans des costumes faits de riches tissus noir et or, il avait un chic fou ! De C. François, un seul très beau costume et, en vitrine, les restes d'une chemise déchirée par les fans ! Une vidéo le montrait essayant de s'extirper de l'assaut d'une foule en folie ...
Sur les murs, d'autres projections de films pérennisaient des images plus lointaines, comme celles de Mistinguett gambillant allègrement, couverte de strass scintillant, ou bien de Joséphine Baker se trémoussant frénétiquement en agitant ses bananes !
Une salle entière est consacrée à " M " (de la lignée des Chedid) . Il n'a pas été avare, il a offert un tas d'ensembles de pantalons-et-tuniques déclinés en toutes les couleurs ! Face au présentoir, un podium offre aux débutants l'occasion de se produire devant un public ; la guitare électrique et la sono marchent très bien, le bruit est réussi, lui.
Par ailleurs, je citerai, pour la curiosité mais aussi pour leur beauté, une robe en lamelles de bois de tilleul finement découpées, vrai prototype, et la robe-bijou de Beyoncé, recouverte de pierres multicolores. Admirables toutes deux ! (Mais difficiles à porter ! ) .
Cette exposition est aussi un hommage aux grands couturiers, des contemporains de C. Dior à ceux de J. P. Gaultier.
Cette partie de l'exposition se déroulait au premier étage, drainant du monde. Mais le rez-de-chaussée, qui est consacré de façon permanente à Rudolf Noureev et à la Danse, était nettement plus tranquille. Ce fut un plaisir de le revisiter avant de partir. Les vitrines présentent de féeriques costumes de grands ballets et la plus grande partie montre ceux de Noureev. Ce dieu de la Danse que je qualifie d'homme-oiseau et qui était aussi un chorégraphe génial, naquit dans un milieu modeste, montra ses dons fort jeune et s'acharna à atteindre la gloire. Ses habits et ses objets personnels montrent qu'il avait le goût du faste digne d'un prince ou d'un nabab. Une partie de son salon s'offre à nos yeux et le confirme. Des tableaux de très beaux hommes en ornent les murs. (On aimerait que s'efface de notre mémoire la dernière vision que l'on a eue de lui lorsqu'on osa nous l'amener sur scène, prostré dans son fauteuil roulant, pour une manifestation artistique ... La maladie l'avait vaincu ... C'était peu avant sa disparition en 1993 ...) . Oui, fermons la parenthèse. Une petite salle de projection nous restitue les images de sa gloire en un éblouissant résumé de sa carrière. C'est ce qu'il faut retenir de ce grand artiste. Chapeau, l'Artiste !
Pourtant la foule des visiteurs ne s'attarde pas dans cette partie du bâtiment.
Entre " chiqué " et talent exceptionnel, il faut savoir choisir ! ---------------------------------------------------------------------------------------------------------
Quelques croquis du cours de " Modèle Vivant "