En blanc et noir. En noir et blanc.
Le Musée d'Art Contemporain de Lyon présente " Lumière de l'aube " , l'oeuvre de Yoko Ono pendant soixante ans. John Lennon la tenait pour la plus grande artiste de l'époque, injustement méconnue. Normal, direz-vous. Elle a produit dans tous les domaines de l'art, toujours dans l'avant-garde. Béotienne en la matière, il me fallait tenter de comprendre.
Dès l'entrée, l'artiste vous invite à " créer " vous aussi ; vous pourrez dessiner, tamponner, planter un clou, recoller de la vaisselle blanche cassée, monter sur des échelles pour voir les choses de plus haut etc ... Comme en communion avec elle. Elle a été écoutée car les globes terrestres et les murs du hall d'entrée ont été bel et bien recouverts de dessins et d'inscriptions.
Vous entrez ensuite, au son d'une musique étrange, dans un univers qui semble aseptisé, une vaste salle blanche, peu encombrée et ponctuée de noir. Le long des murs, quelques tableaux rectangulaires, soit entièrement recouverts d'encre noire " sumi " , soit blancs, avec des mots écrits en noir (Ben s'en est peut-être inspiré). Derrière la cloison quelqu'un tape frénétiquement à coups de marteau : il enrichira le tableau devenu hérisson ...
Puis une série de tableautins présente les " prescriptions " de Yoko Ono. Je les appelle " des recettes " , dans tous les domaines. J'ai bien aimé la recommandation de faire un moulage de votre propre visage. Ainsi, quand vos invités arriveront, vous leur présenterez ce masque à embrasser. (D'un point de vue pratique, cela vous évitera bien des microbes ! ) . Vous auriez tort de vous exclamer : " C'est marrant ! " . C'est une méditation, d'une insondable profondeur, sur la condition humaine. J'ai eu une certaine inquiétude en me disant que, si elle croyait vraiment tout ce qu'elle avait écrit là, c'était très grave ...
Je vous livre en vrac quelques autres " installations " , tel le salon de jeux avec ses tables et fauteuils ripolinés de blanc. Intégralement blancs eux aussi, sont les pions des échiquiers. Des couloirs s'offrent à vous mais si vous vous engagez dans celui qui tourne, il ne mène à rien, qu'à un mur. Pour passer dans la salle à côté, vous pouvez prendre, si vous êtes mince, celui qui est extrêmement étroit. On trouve alors des récipients divers, cadeaux d'amis ou d'admirateurs de l'artiste ; ils contiennent ou non, de l'eau. Zut ! Vous avez oublié votre seau de plage !
Si vous n'êtes pas claustrophobes, vous pouvez entrer dans une petite salle intégralement noire où les gens sont censés se tâter ( ? ) . Vous pouvez aussi vous enfermer de la tête aux pieds dans un " sacoeil " , grande et fantomatique poche de tissu noir munie d'un trou, pour voir le monde autrement.
Le film présentant un corps nu sur lequel courent des mouches, m'a rappelé un film surréaliste des années 50, du genre Bunuel.
Surréaliste. Telle est l'impression ressentie en sortant de cette exposition. Je pense aussi au " nonsense " cher aux anglais, lequel n'est pas dénué de poésie.
Cette exposition vous donne une grande confiance en vous : vous êtes TOUS des artistes. Everybody est un artiste ! Disposez quelques pommes en pyramide sur une assiette. Contemplez votre " installation " : vous voyez bien que vous êtes bien un(e) artiste vous-même !
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour illustrer cet article, je n'ai pas mis un rectangle noir ou un rectangle blanc avec, écrit dessus en noir, KISS ou mieux BISOUS. C'eût été faire du plagiat. J'ai donc retrouvé un exercice d'école en noir et blanc.
Black and white - 42 cm x 42 cm - Acrylique sur papier toilé