Le petit monde des " putti "
Une autre carte postale d'Italie : le Musée des Arts Décoratifs de Turin présentait une exposition qui leur était consacrée. Ces enfants nus, ces petits amours, se trouvaient déjà sur les fresques des villas romaines. Mais la Renaissance italienne s'empara d'eux ; sculptures et tableaux popularisèrent ces angelots dodus, roses, fessus et ailés : les putti . (notez-un putto-des putti) .Les plus connus sont les deux putti pensifs de Raphaël (La Madone Sixtine) que vous trouvez, en période de Noël, déclinés en toutes sortes d'objets. Ils débordèrent sur les 17ème et 18ème siècles, leur fonction étant décorative ou allégorique. Ils représentent les forces invisibles ou incontrôlables animant le corps humain. Dotés d'ailes, ils sont les messagers entre le ciel et la terre. Dans les tableaux profanes, on retrouve le Cupidon romain ou l'Eros grec. Dans les scènes galantes de N. Poussin, ils escortent les amoureux, sont leurs complices ; ils ont même parfois un côté voyeur ! Dans " La bacchanale des putti " , on les voit devenus débauchés !!! Quant à Guido Reni, il les peint, luttant avec des Bébés-Bacchus, une vraie scène de " castagne " !
Ailleurs, on les voit singeant des adultes : ils sont outrageusement fardés et vêtus d'habits de grandes personnes ... Cela donne un certain malaise ; sont-ils aussi innocents qu'on le croit ?
Si l'on regarde bien, leurs ailes sont le plus souvent blanches mais parfois elles sont noires . Dans le tableau de Raphaël, les deux putti ailés de sombre, en bas du tableau, ont l'air songeur. Voient-ils déjà le funeste avenir de l'Enfant Jésus et de sa mère ? On les voit ailleurs avec des ailes noires, jouant avec ce même enfant, mais chaque putto lui donne un outil : un clou, un marteau ou des tenailles ... qui sont les instruments de la Passion !
Cette exposition qui commençait de façon charmante, a fait peu à peu dériver l'image du putto mignon vers un autre aspect plus profond et plus sombre. Ce monde irréel reflète finalement le nôtre dans lequel le bien et le mal se côtoient.