LAVERAN : 1 Le vieux lycée
/image%2F1405864%2F20160530%2Fob_077725_110-0351.jpg)
Notre Lycée Laveran portait le nom d'un médecin militaire, (1845-1922) , qui découvrit le parasite protozoaire responsable du paludisme ; (rappelons le livre : Au pays de la mort jaune). Il fit ses recherches en Algérie, à Bône, Biskra et Constantine où une rue, l'Hôpital Militaire et ... notre lycée portaient son nom. Mais, jamais durant notre scolarité on ne nous parla de sa vie ! Précisons qu'il fut Prix Nobel.
Je suis entrée dans cet établissement en 8ème, au Cours Moyen. C'est dire qu'accéder au secondaire ne fut absolument pas traumatisant : nous connaissions les lieux et pouvions enfin être à l'étage " des grandes " ! Lesquelles avaient la salle de gymnastique, celle de solfège et le vestiaire à notre niveau, la cour, rez-de-chaussée surélevé en quelque sorte. La façade du lycée donnait sur la Rue Nationale (ou Clémenceau) mais l'ensemble du bâtiment semblait incrusté dans le vieux quartier avec ses ruelles inextricables, ses petits commerces et artisanats. Nous y venions en groupe avec la surveillante d'un patronage en contournant ce quartier mais souvent nous prenions du retard et " coupions " à travers les ruelles pour aller plus vite. Nos parents l'ignoraient ! Nous trouvions excitant de passer par ces lieux pittoresques ; ma vitrine préférée était celle d'un marchand de tissus des Mille et une nuits (!) satinés, veloutés et chamarrés !
Le charme de ce lycée était sa cour. Nous aimions y jouer au " ballon prisonnier " en faisant attention aux portes vitrées de la Direction. Nous nous escrimions à deviner les choses inconnues qui dormaient sous nos pieds dans les caves : l'un des soupiraux laissait voir des statues. Ces bustes d'hommes n'avaient rien d'antique ; ils dormaient là, alignés comme des sardines et je m'étais imaginé qu'ils représentaient des hommes politiques tombés en disgrâce. (?) .
Le vestiaire était un lieu de bavardages ; un jour, j'avais lambiné à l'angle opposé à celui de l'entrée et la surveillante ne me vit pas. Elle demanda rapidement : " Il n'y a plus personne ? " et n'attendant pas la réponse, elle ferma la porte à clé ! J'eus beau crier : " Mademoiselle ! Mademoiselle ! " , elle n'entendit rien ! Il était onze heures, je n'avais qu'à attendre la sortie de midi en lisant ou en contemplant la rue. Quand ce fut l'heure, les élèves entrèrent en trombe et me virent, assez stupéfaites. Je sortis en essayant de prendre un air digne ! Ma copine de cours trouva l'aventure si formidable qu'elle essaya à plusieurs reprises de se faire enfermer : cela rata à chaque fois !
Ce qui me ravissait le plus à l'étage des grandes, c'était de détailler les nombreuses reproductions de tableaux célèbres qui ornaient les couloirs. Mes préférées étaient celles de Rembrandt et Degas. C'était vraiment bien de nous familiariser avec l'Art.
Notre Lycée avait été construit en 1905 ; on parlait beaucoup du nouvel établissement qui devait le remplacer, le nouveau lycée construit sur le plateau du Coudiat, il devait être si beau, si clair, si moderne et tout, et tout ! Nous l'avions vu sortir du sol, s'élever et ... stagner ! Enfin, en 1952-53 il nous fut ouvert !
Adieu donc à notre cher et vieux lycée ! ......
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Détail " détourné " d'un travail d'école sur fond de " Radeau de la Méduse " (Acrylique - 80 cm x 54 cm)