Si peu connu ... Le Rocher des Martyrs
Un tableau captivait toujours mon attention dans la Cathédrale de Constantine, surtout pendant le sermon (!) . Si je ne commets pas d'erreur, il était face à notre " rangée des filles " car nous étions dûment séparées des garçons, une catégorie de l'espèce humaine que les bonnes soeurs tenaient à distance ! Le sujet en était dramatique : on voyait, dans un décor rocheux, deux malheureux agenouillés, un soldat romain les menaçait de son glaive. Un jour on nous expliqua qu'il s'agissait de Jacques et Marien, devenus saints. Avec d'autres compagnons, ils avaient été martyrisés à un endroit des gorges du Rhumel, appelé depuis, " Rocher des Martyrs " , car ils ne voulaient pas abjurer leur foi chrétienne. On décida que le " patronage " (emploie-t-on encore ce terme ?) irait en promenade, pour connaître ce lieu.
Cela se passa en Mai 259 ou 269 selon les textes. On a coutume de dire qu'après les avoir suppliciés là, on les emmena à Lambèse pour y être achevés. Pourquoi si loin car Lambèse est à plus d'une centaine de nos kilomètres ? On peut lire autre chose du R. P. Dom. H. Leclercq : on les aurait ramenés au centre de notre antique Cirta ," à la prison (dite) de Lambèse " pour y être tués.
Le Pont de Sidi-Rached devait nous mener à ce fameux rocher. Petit détail : une camarade se pencha au-dessus du parapet et son béret s'envola dans le ravin ce qui provoqua des réactions diverses, quelques rires (pas charitables ! ) ou de la compassion : " Ma pov' fi', qu'est-ce qu'elle va dire ta mèèère? " . Ou de froides constatations : " Tu peux dire adieu à ton béret ! " . On tourna à droite après le pont, et l'on arriva à l'endroit où la pente rocheuse est praticable. Or, à notre grande surprise, on vit surgir un gamin qui venait à notre rencontre en brandissant le fameux béret ! Notre copine devait croire à un miracle ! En contrebas de l'escarpement, une grille semi-circulaire abritait une inscription latine (qu'on peut lire sur Internet) . Un petit bouquet de fleurs fossilisées montrait que les visites étaient rares, ce coin était si peu connu ...
Qu'est-il devenu ?
Lorsqu'on construisit à proximité le viaduc Trans-Rhumel (Viaduc de Salah-Bey--- 2012-2014) , on trouva facile de jeter là les gravats occasionnés par les travaux ...
Cet endroit historique fut donc, ou à-demi, ou totalement enfoui.
On peut lire les réactions de Constantinois amoureux du passé de leur ville ou érudits. Je me joins à eux pour demander aux autorités et aux archéologues de faire réhabiliter ce lieu de mémoire.
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" L'esclave " avait illustré un article sur l'Egypte, mais j'ai trouvé qu'il convenait à celui-ci.