Le mariage de Rouiba
Rouiba avait sa maison à côté de la nôtre. Elle se maria (ou fut mariée) très jeune et sa mère nous invita au repas de mariage, à Sidi-Mabrouk (pour ceux qui connaissent) . Les rituels religieux et familiaux qui devaient se dérouler avant et après étaient, fort naturellement, d'un domaine réservé.
La mariée, assise dans un immense fauteuil de bois travaillé et incrusté de nacre, trônait telle une idole. Une " garde rapprochée " de femmes l'entourait. Elles étaient aux petits soins pour elle, lui apportant des rafraîchissements ou l'éventant car elle étouffait sous des voiles multiples. L'une d'elles lui dégagea le visage et le buste pour nous permettre de l'embrasser et de la complimenter. Elle était belle, parée et fardée comme une poupée. Un collier de pièces d'or ornait son cou et des bracelets multiples, ses poignets. Ses mains étaient passées au henné. Elle était moite sous ses parures. Nous n'étions que des femmes à l'étage. Exceptionnellement mon frère resta avec nous, vu son jeune âge. Dans la cour un orchestre jouait de la musique orientale et un danseur évoluait en faisant le tour des invités qui lui mettaient des billets de banque dans la bouche ! Parfois les youyous des femmes se mêlaient à la musique. Le repas était plantureux. Le mélange sucré-salé, qui est maintenant courant dans notre cuisine, ne nous était pas encore connu ; une viande aux pruneaux et aux amandes nous en fut la révélation. Le couscous était royal et les pâtisseries au miel, dont nous raffolions, ne cessaient d'arriver sur des plateaux de cuivre !
Nous devions cette invitation mémorable à ... " la culture des terrasses " , une habitude, répandue là-bas, dont nous pourrions parler prochainement. Elle avait donc favorisé le rapprochement et nous avait permis de partager ces moments de fête alors que d'autres lendemains ... nous attendaient tous ...
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Cette peinture n'est que mon deuxième essai à l'acrylique ; le professeur ne l'employant jamais, j'expérimentais ! C'était aussi au début des cours de " modèle vivant " (habillé pour une fois) . Je l'ai appelée " Mouvances " : voyez la surabondance des tissus ! Acrylique sur carton toilé - 46 cm x 38 cm