Mois de l'Artisanat dans le Palais du Bey

Plateau de cuivre ciselé ayant fini à Emmaüs ...

177ème article

Seconde partie 1/06/23

La Dinanderie est un ARTisanat particulièrement brillant à Constantine. Son nom date du XIV° siècle et il est dérivé du nom d'une ville : Dinant, en  Belgique. Là et sur les bords de la Meuse, il  fut florissant à cette époque ; il émanait, en quelque sorte, de la chaudronnerie romaine.

Jadis, l'Etat importait le cuivre, maintenant le secteur privé fournit le métal aux artisans. De vieilles familles revendent  au kilo d'anciens objets que l'on recycle. La demande actuelle est surtout le cuivre jaune. Les grands plateaux sont une spécialité de Constantine et sont très recherchés. Un bel alambic (el kettar) est souvent  de Blida. Dans les petits objets, le m'rach est apprécié pour arroser de fleur d'oranger ou de parfum, les invités !

Plusieurs étapes sont nécessaires pour fabriquer un objet et chacune passe par un artisan spécialisé ; il faut plier la feuille de métal - la mettre en forme - la sculpter - la ciseler - la graver ... et chaque action s'exécute avec un outil particulier ! On comprend tout le travail minutieux que chaque objet demande. La jeune génération ne se précipite pas, hélas, lorsque l'on recherche des apprentis ... Pourtant une grande partie du public reste attachée à ces valeurs traditionnelles ; ainsi une jeune mariée sera fière d'avoir un plateau, beau comme un soleil,  dans ses cadeaux. Des amateurs et clients sont venus de partout pour cette exposition. 

Ancienne carte postale : Salle du trône

On dit toujours : "Si les murs pouvaient parler...  " .

Les visiteurs de ce Salon de l'Artisanat ont le double plaisir de voir tous les beaux objets exposés - il y a presque trente exposants - et celui de se trouver en cet endroit  historique. Dans le Palais d'Ahmed Bey, la magie est toujours là : les jardins de rêve sont toujours odorants et leurs parfums de roses et de jasmins se mêlent à ceux de la distillation des fleurs dont nous avons parlé précédemment. 

Dans les galeries alternent les ombres et les lumières avec des coins de fraîcheur incitant à la rêverie. Faire une pause fera revivre les fantômes du passé qui doivent hanter ces lieux fabuleux. Leur gloire fut, en réalité, assez brève. Le Bey ne séjourna que peu d'années dans ce palais. En effet, la construction dura de 1825 à 1835. Il fut donc terminé deux ans avant la chute de Constantine. 

Les merveilles de l'édifice trouvent un écho dans les objets exposés qui ont souvent une tournure plus "contemporaine"  pour les partisans de la modernité, mais on y retrouve quand même l'artisanat traditionnel qui a traversé les âges ...

Vieille porte sculptée

Salon moderne - Sculpture traditionnelle

Dans le Palais, le bois, matière noble, abonde. Dans la Salle du Trône, les galeries , les portes, les moucharabiehs etc ... on retrouve cette chaleureuse matière partout. Le salon moderne de l'image ci-dessus ne déparerait pas en ces lieux ! On pourrait y ajouter la porcelaine de Tlemcen et un tapis de Ghardaïa ! 

Mais si le visiteur m'a écoutée  en évoquant les fantômes du passé, il a dû noter une différence en comparant l'animation qui régnait autour du  Bey avec celle de ce Salon : la présence des femmes aujourd'hui ! Les visiteuses comme les présentatrices des stands circulent librement autour de lui.  Cela eût été impossible jadis. On sait que Ahmed Bey avait un important sérail qu'il faisait jalousement garder et dans lequel il choisissait des compagnes pour ses nuits !  Mais on dit aussi qu'elles étaient, en quelque sorte, "assignées en résidence" dans ce sérail ... Elles pouvaient aussi bien  être récompensées en cadeaux divers, que tombées en disgrâce ou pire encore ! Leurs activités étaient limitées. 

Ce Salon, qui maintenant est terminé  et qui a été un succès, a démontré qu'elle sont capables de réaliser de véritables  oeuvres d'art - osons le mot - tout comme leurs compagnons, dans diverses disciplines. Nous n'avons pas pu toutes les évoquer, mais vous pouvez chercher celles qui manquent à ce tableau !

M.P.B.

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