Lambèse ou Chronique d'une disparition annoncée

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Le Praetorium de la  Legio III Augusta

Le Praetorium de la Legio III Augusta

Le 02-09-22

On pourrait dire aussi : " Grandeur et décadence de Lambèse-Tazoult - en latin : Lambaesis " .

Lambèse fait partie de ces lieux chargés d'Histoire qui parsèment abondamment l'Algérie mais que je n'ai pas eu la chance de connaître ... Pourtant elle n'est qu'à deux heures de route de Constantine soit plus de 100 Km. Son nom est plusieurs fois cité dans le blog " Algérie mon beau pays " de A. Bianco, d'où mon envie d'en savoir plus.

La photo du Praetorium  me semble la plus indiquée pour la représenter car c'est une construction militaire, la ville ayant eu la gloire d'être LA place-forte de la III° Légion Auguste pendant la période de l'Afrique Romaine. 

En l'an 81, elle n'avait été à l'origine qu'un simple camp de 200 m. mais n'avait pas tardé à s'agrandir. Les constructions civiles avaient poussé tout autour et leurs constructions faites par des ingénieurs militaires étaient remarquables. Et en l'an 128 l'Empereur Hadrien vint la visiter.

Elle devint la capitale de la Numidie sous Septime Sévère. 

Cette ascension s'arrêta là après des mouvements de révolte et en 238 la Légion fut donc dissoute par l'Empereur. Lambèse vit donc son économie ruinée.

En 315 Constantin donna le titre de chef-lieu à Cirta qui fut donc  la nouvelle  capitale de la Numidie. 

Elle eut à subir les dévastations faites par les Berbères au V° siècle et cependant ses monuments perdurèrent ! Les camps de légionnaires marquèrent toujours les limites de l'Empire.

Les hommes et le temps ont fait leur oeuvre ...

Les hommes et le temps ont fait leur oeuvre ...

Un exemple du délitement des monuments : l'Arc de triomphe  - ce qu'il en restait   présentait trois portes .  Deux ont disparu -  les blocs ne parsèment pas le sol  - on peut difficilement croire qu'ils se sont évaporés ...

Arc de triomphe de Septime Sévère

Arc de triomphe de Septime Sévère

Ce qu'il en reste ...

Ce qu'il en reste ...

Il faut en convenir : le temps passe et les méfaits des hommes s'ajoutent  à ceux du temps ... 

Ainsi, en 1850 la ville fut choisie par le Gouvernement Français pour abriter un bagne : c'était un moyen commode pour se débarrasser d'insurgés encombrants ! Le pénitencier fut donc construit avec les " matériaux " qui se trouvaient sur place, en l'occurence, les ruines romaines ! Les savants eurent beau protester pour sauver les monuments, on passa outre. 

Par la suite, on classa le site dans les Monuments Historiques, il y a plus d'un siècle mais ON n'en tint rarement compte.

 Par exemple, on a pu  remarquer des éléments de construction et engins divers  entreposés n'importe où sur une vue aérienne tirée d'un article de la Presse Algérienne . Nacera Benseddik archéologue-spécialiste de Lambèse y alertait le public et les pouvoirs pour sauver Lambèse. Cf.  Le Matin d'Algérie du 21/03/17   - et l'article  : " Le mépris de la Loi sur le Patrimoine " .

J'avais aussi noté , en Janvier 2016, qu'une association locale d'Archéologie des Aurès avait dénoncé " de graves atteintes à l'intégrité du célèbre site " . 

Parodiant la célèbre phrase : " La France, ton café fout l'camp ! " ( Comtesse du Barry ) on aurait envie de dire : " Ton Patrimoine fout l'camp ! " . Mais il ne faut pas terminer sur une note pessimiste ! 

Actuellement il y a bien un musée dont on a dit " qu'il risquait de s'écrouler sur les oeuvres " , (sic ) . Cependant il existe un trésor à Lambèse. Ce sont de merveilleuses mosaïques encore intactes pour plusieurs d'entre elles.

Musée de Lambèse

Musée de Lambèse

Lambèse ou Chronique d'une disparition annoncée
Deux exemples des célèbres mosaïques

Deux exemples des célèbres mosaïques

Tout n'est peut-être pas perdu ! Je fais confiance aux gens éclairés que sont les archéologues appuyés par les amateurs et les visiteurs de nos villes romaines de l'Afrique du Nord et particulièrement de  celles du Constantinois. Qu'ils continuent à lutter pour défendre ces trésors !

M.B.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article