Les multiples vies du Général de Lamoricière
31-03-2022
Le fringant jeune homme qui sortait de Polytechnique (promotion 1824) avec la très honorable place de quatrième sur deux cent quatre, semblait prêt à dévorer le monde ! Tout lui avait réussi depuis son enfance. Christophe-Louis-Léon Juchault de la Moricière ( c'est ainsi qu'il signait ) était né à Nantes en 1806.
Ce fut une chance car ses parents étaient issus de deux familles totalement différentes : son père avait combattu fort jeune avec les Chouans et il était donc royaliste et se voyait privé de ses biens ! Sa mère était de famille républicaine : son père commandait la Cavalerie Républicaine de Nantes et il rachetait biens et terres ! Mais on était loin de Roméo et Juliette avec les Capulet et les Montaigu car ces familles se connaissaient et s'estimaient étant d'un esprit large et libéral. L'enfant grandit donc entouré d'affection entre Nantes et Saint Philbert de Grand Lieu ( là où se trouve la statue de Constantine ) . Il passa une partie de son enfance au Château du Chillon. Il fit ses études secondaires à Nantes ; l'un de ses professeurs était Auguste Comte, père du Positivisme et Saint-Simonien. C'est dire qu'il avait l'esprit formé pour préparer Polytechnique.
Cette école militaire est donc l'Ecole d'application de l'Ecole Polytechnique, elle fut créée en 1794 par le Comité de Salut Public. ( Actuellement, elle abrite le Ministère en charge de la Défense ) . Louis, entré Sous-Lieutenant, en ressortit Lieutenant en 1829 et fut affecté au 3ème Régiment du Génie à Montpellier. Il rêvait d'une carrière exceptionnelle et justement le Roi Charles X organisait une expédition en Algérie pour " maintien de l'ordre " ( expression connue ! ) .
De 1830 à 1848, l'Algérie fut la grande affaire de sa vie !
L'expédition d'Alger avec la prise de Fort-l'Empereur en 1830, le vit affecté aux Zouaves de Clauzel. Ils trouvèrent dans ce fort les têtes de leurs malheureux camarades qui les avaient précédés ... ( je l'ai lu mais n'ai pas trouvé de confirmation ) . Nommé Capitaine par la suite il apprit l'Arabe dialectal , ce qui lui valut d'être à la tête du Bureau des Affaires Arabes. Mais il revint au service combattant avec succès ( Bougie ) , se heurta au Lieutenant d'Abd el- Kader en 1835 et en 1837, après la prise de Constantine sous les ordres de Damrémont, devint Colonel. Le Traité de la Tafna entre Bugeaud et Abd el-Kader ( l'Emir reconnaissait la souveraineté impériale Française ) sembla calmer les esprits mais l'expédition de Portes de Fer causa la reprise de la guerre ...
Cette guerre contre Abd el-Kader dura de Novembre 1839 à Décembre 1847 ! Je ne vous en livre pas les détails mais on sait qu'il y déploya un grand zèle .
Lorsqu'en Février 1841 Bugeaud devint Gouverneur Général, " l'Ethique Militaire " fut mise à mal ! Bugeaud employant des méthodes très radicales, ses jeunes officiers crurent bon de suivre cet exemple ...
Parallèlement Louis montait en grade : en Avril 1843 il devint Général de Division. Le 16 Mai 1843, il participa à la prise de la Smalah d'Abd el-Kader.
Pour un militaire célèbre, rendu à la vie civile, devenir député ou ministre était courant. Louis fut donc Député de la Sarthe en 1846, Ministre de la Guerre en 1848, à la suite des évènements qui bouleversèrent le pays. En effet, le 24 Février Louis-Philippe avait abdiqué. Le Gouvernement fit appel à tous les hommes capables de contenir le peuple. On convoqua donc Lamoricière qui apparut en uniforme de Colonel de la Garde Nationale. Ce ne fut pas le résultat attendu : son cheval fut tué et lui fut blessé. Des ouvriers le sauvèrent quand on voulut le mettre à mort !
En Mars, alors qu'il était membre de l'Assemblée Nationale, il refusa les commandements qu'on lui proposait ; " Sauf si son pays était en guerre " , précisa-t-il. Il lui fut pénible de participer à la répression des journées de Juin - par Cavaignac - mais il s'y résigna.
Etant à l'Assemblée Législative, il eut à coeur de s'occuper de l'Algérie en y faisant venir un petit peuple de " colons " dotés de modestes concessions. Beaucoup d'entre nous doivent en compter parmi leurs ancêtres !
De façon éphémère, Lamoricière fut Ambassadeur en Russie.
Le coup d'Etat de 2 Décembre 1851 marqua un tournant dans sa vie : totalement opposé à Louis Napoléon Bonaparte, Louis se vit arrêté et détenu au Fort de Ham ( là où le même Louis Napoléon avait été prisonnier ! ) . Il était alors sur le point de devenir Maréchal. Condamné à l'exil, il quitta la France cinq ans pour l'Allemagne, la Belgique surtout et l'Angleterre.
Il s'était marié en 1847 et eut quatre enfants dont deux moururent très jeunes - un garçon et une fille - ce qui le marqua pour la vie. Un beau geste de Louis Napoléon Bonaparte : Lamoricière était encore sous le coup de sa condamnation quand il lui télégraphia de venir voir son petit garçon malade : hélas, Lamoricière arriva trop tard ...
Les années et les évènements avaient, peu à peu modifié l'ancien Polytechnicien Saint-Simonien : il retourna à la pratique religieuse de sa jeunesse. En 1860 les Etats Pontificaux étaient menacés par Garibaldi et le Piémont-Sardaigne qui voulaient réaliser l'Unité Italienne. Napoléon III l'autorisa à aller aider le Pape Pie IX. Il existait une armée papale que Lamoricière voulut transformer en une efficace troupe de Zouaves sur le modèle de ceux d'Algérie ! Il essaya avec passion d'entraîner ces Italiens, on le devine, mais ce fut en vain ... Ils échouèrent à Ancône et surtout Castelfidardo. Cette expédition fut qualifiée par plusieurs auteurs de Baroud d'Honneur : je la reprends, elle convient tout à fait.
Le Pape remercia Lamoricière qui reconnaissait sa défaite et ne voulait rien accepter qui l'honorât.
Plus tard Pie IX offrit le cénotaphe que l'on voit dans la Cathédrale de Nantes.
Louis retourna donc à la vie familiale, au Prouzel, près d'Amiens et au Château du Chillon, s'occupant de l'éducation de ses deux filles. La devise familiale : SPES MEA DEUS ( Dieu est mon espoir ) , s'appliquait à sa fin de vie. Les épisodes sanglants du passé revenaient-ils en sa mémoire ? Sa paroisse - ainsi que d'autres institutions charitables - bénéficia de ses dons . Il mourut le 11 Septembre 1865 à 59 ans, d'une angine de poitrine contractée au cours des neuf mois passés dans l'humidité du Fort de Ham. Il fut enterré dans le caveau familial à Saint Philbert de Grand Lieu.
Sa vie fut donc assez courte mais bien remplie ; même si certains épisodes sont discutables, on ne peut nier que ce fut un grand homme.
La statue de Constantine connut des péripéties dont je vous dirai quelques mots.
Richesse de Biskra : le palmier-dattier - Algérie, mon beau pays
La Deglet Nour gorgée de soleil Biskra - carte postale ancienne Seconde édition : des images, des notes en plus Texte de A. Bianco Dans Biskra, panneaux-réclames, devantures et enseignes peintes...
http://algerie-monbeaupays.over-blog.com/2022/03/richesse-de-biskra-le-palmier-dattier.html