Biskra - Palmeraies et désert
19-01-2011
La vieille ville de Biskra groupe ses anciens "ksour" - (un ksar - des ksour) dans une immense palmeraie. Mais que reste-t-il de ces fortifications ? Bâties de terre et de paille, elles présentent des murailles écroulées et inoffensives, couleur sable ; de partout surgissent, échevelés, des palmiers-dattiers introduits dans la région à la fin du XIII° siècle.
Dans les années 50 se voyaient encore les scènes pittoresques d'un petit artisanat. Le tissage des tapis et couvertures était enseigné aux fillettes. De nos jours on veut le maintenir ou le faire renaître.
El Watan : la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de Biskra a ouvert dernièrement une Ecole des arts populaires et des produits artisanaux.
Le marché grouillant et coloré était à voir ! La ville avait toujours gardé sa fonction d'oasis, un lieu de passage sur la route commerciale des caravanes, là où marchands, voyageurs et pèlerins pouvaient, depuis des temps immémoriaux, s'arrêter pour boire , manger et faire du commerce.
Mais il y avait le rêve exotique aussi ! La rue des Ouled Naïls attirait les touristes. Voici comment se déroulait un spectacle.
" Au début les filles étaient habillées de la tête aux pieds de tenues vivement colorées et de lourds bijoux d'argent ... Les spectateurs étaient assis sur des chaises banales le long de trois des quatre côtés de la pièce ; sur le côté restant, des musiciens soufflaient dans une raïta (flûte) ou tapaient sur des tambours.
Pour la seconde partie, il fallait payer un supplément. Les musiciens se tournaient vers le mur et les touristes étaient les seuls à voir les danseuses revenir toutes nues et parfaitement épilées.
La salle et la musique étaient moins agréables qu'aux Folies Bergères, mais le spectacle plus achevé " .
Georges Bouchet en 1911
Au milieu de ce vieux quartier, l'ancienne mosquée est toujours là, bien entretenue. C'est celle de Sidi Barkat, si je ne fais pas erreur, et j'aimerais vous montrer la peinture faite par l'un de mes peintres préférés : José Ortéga 1877-1955 . On y retrouve sa palette de sublimes couleurs.
Un autre lieu saint, de plus grand renom, possède une mosquée célèbre, Sidi Okba. A vol d'oiseau, la distance ne serait que d'une quarantaine de kilomètres ; en auto ... beaucoup plus ! On ne manque pas d'évoquer Sidi Okba en parlant de Biskra car ce fut, et c'est, un phare de Culture et de Culte qui a toujours formé de nombreux savants. Le centre abrite le mausolée de Oqba Ibn Nafaa, grande figure de la guerre qu'il livra, pour le compte du Califat, aux tribus Berbères en 670 afin de leur imposer l'Islam. Il occupa l'Ifrikya et édifia la Grande Mosquée de Kairouan. Cependant le massacre des tribus Berbères fut vengé par Koceila qui réussit à le vaincre à Tanger - il faut dire que les Byzantins avaient combattu aux côtés des Berbères. La légendaire Kahena, reine juive d'une tribu Berbère avait ordonné sa mort. On l'imagine comme une sorte d'Antinéa (de l'Atlantide ! ) mais c'était une guerrière, une "baroudeuse" . Voici l'une des représentations idéalisées de la Kahena : c'est celle du PETIT JOURNAL que je remercie.
La mosquée de Sidi Okba (686) est magnifique. C'est l'une des plus anciennes du Maghreb ; son architecture est inspirée par celle des plus belles : de Médine, Kairouan, Cordoue Baghdad ... Elle a sept nefs dont les piliers reposent sur des troncs de palmiers (ce sont des "stipes" plus exactement) .
Si l'on est à Biskra, le fantasme à réaliser c'est celui de voir le désert, le Sahara si proche !! Les dunes sont à moins de dix kilomètres. Avant le départ vers le Sud, j'avais dessiné le touareg que l'on voit au début de l'article - vieux rêve ! Or, je n'en vis point ... En revanche, des promenades à dos de dromadaires étaient possibles . Certes, ce n 'était que la lisière du vrai grand désert, mais c'était déjà grisant.
Un gecko fila devant mes pas ; le sable ultra-fin trouva le moyen de s'infiltrer dans mon petit appareil photographique Zeiss Ikon ; je trouvai au pied d'un dune un gypse fer-de-lance d'un taille peu commune : j'étais bel et bien dans le désert !!! ( Une partie du voyage j'ai transporté avec difficulté ma trouvaille géologique mais je dus y renoncer et l'abandonner près de la voie ferrée, entre Biskra et Touggourt ; elle aurait pu être le clou de ma collection ... Versons une larme salée ) .
Après cette excursion, de retour à Biskra, nous étions tous fatigués d' avoir marché dans les dunes et la peau du visage nous tiraillait. Mais quelle satisfaction d'avoir réalisé un vieux rêve ! Nous retrouvions les palmeraies. Nous étions dans le royaume de ce fruit sucré : la datte Deglet Nour. Blonde et translucide, son nom voudrait dire "doigt de lumière" .
Hélas, la pandémie qui règne là-bas aussi, semble avoir porté un mauvais coup à ce fruit béni de la région ... Surproduction, prix à la baisse, et manque de lieux et de moyens d'emballage sur place.
Ce séjour à Biskra put se conclure par une lente promenade entrecoupée de stations sur des bancs ombragés, dans le Jardin Landon. En 1872, le Comte Landon de Longeville (1844-1930 ) eut l'idée d'acclimater à Biskra de luxuriantes espèces. Ce jardin a été récemment restauré. Biskra a ainsi retrouvé l'une de ses merveilles.
Conclusion / Post-Face - Algérie, mon beau pays
Cap Aokas : un rêve ... A la fin du mois d'Août 2017, j'ai commencé à publier les textes de mon Père que j'avais pu avoir en ma possession, dans les circonstances que j'ai décrites au début ...
http://algerie-monbeaupays.over-blog.com/2020/10/conclusion/post-face.html