Les belles Mairies du Constantinois

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Hôtel de Ville de Philippeville - ( Skikda )

Hôtel de Ville de Philippeville - ( Skikda )

Doit-on dire : Hôtel de Ville ou Mairie ? Nous disions simplement : La Mairie. Mais, lorsque les villes ont de l'importance, le premier terme s'impose. Si elles ont une très grande importance, les villes ont des Mairies d'arrondissements et la principale, mérite totalement son nom d'Hôtel de Ville. Ce nom s'était imposé au XVI° siècle, les bourgeois offrant le gîte et le couvert aux Rois et Princes de passage dans cet édifice. ( Le beffroi symbolisait la prise du pouvoir par la Bourgeoisie du temps, depuis le XII° siècle ) .

Je vous renvoie à cette belle évocation de l'Hôtel de Ville de Philippeville car je le place en tête de tous les autres. Son style néo-mauresque et les merveilles artistiques qui le parent et l'entourent, en font un vrai joyau qui a le mérite de s'intégrer au pays en faisant référence à l'architecture arabo-andalouse de son passé. 

Et c'est bien ce qui manquait à Constantine ! Hormis l'Hôtel Cirta et le Palmarium à Sidi-Cid, on ne voyait aucune référence à l'art de ce passé. Il est vrai que la ville avait un trésor authentique mais il était caché à nos yeux derrière des murs austères : le Palais du Bey ! Il était devenu Palais de la Division et  seuls les militaires le connaissaient. 

La " mairie " , en tant qu'organisation administrative ou " municipalité " , avait été créée en 1 854. Mais le bel édifice que nous connaissons, merveilleusement situé sur le Boulevard Joly de Brésillon, face à un  immense panorama se déroulant depuis la Vallée du Hamma, vit le jour au début du siècle suivant.

Notre Hôtel de Ville fut construit en 1 902,  (Emile Morinaud étant Maire depuis 1 901) ; on l'inaugura en 1 903. Les architectes étaient Marcel Dumoulin et Maurice de la Chapelle.

Hôtel de Ville de Constantine

Hôtel de Ville de Constantine

Comme les autres bâtiments officiels de la ville qui lui font escorte - Préfecture, Palais de Justice, Théâtre Municipal - il a le style officiel du temps, hérité du Second Empire. L'intérieur en est luxueux. Il a le grand mérite d'être une vitrine des belles roches, des marbres et des bois, de purs produits du sol algérien et de la région de Constantine en particulier. On y voit les marbres de Fil Fila (on apercevait leurs carrières depuis Philippeville) .

Production actuelle de ces mêmes marbres à Skikda

Production actuelle de ces mêmes marbres à Skikda

( On peut rappeler que le mot " fil " veut dire en arabe : " éléphant " et qu'il a une origine punique. Dans l'Antiquité, on trouvait ces animaux, dans la région : cf. Hannibal ! ) .  

Connaissions-nous bien notre Mairie ? Ce n'est pas sûr. On devait parfois y venir pour faire les démarches, plus ou moins agréables, qui étaient nécessaires à la vie courante.  Mais, le fin du fin était de gravir majestueusement le grand escalier de marbre, digne d'un Opéra, en tenue de marié(e) ...

Les belles Mairies du Constantinois

... de connaître les fauteuils damassés, les lambris dorés et les colonnes de marbre, de la Salle des Mariages ...

La Salle des Mariages

La Salle des Mariages

... et d'apposer, avec émotion,  la signature qui scelle votre sort dans le grand registre, sous l'oeil bienveillant du Maire  ou de son représentant. On pouvait alors redescendre le même escalier, encore plus dignement et très secoué(e) par l'émotion d'avoir changé de statut d'Etat Civil. 

Le Vestibule

Le Vestibule

Plafond peint par Paul Jobert (1 863 -1 942)

Plafond peint par Paul Jobert (1 863 -1 942)

Paul Jobert était peintre officiel de la Marine Française. Son père, avocat, descendait de Deval, dont le nom doit vous rappeler un événement lourd de conséquences ... le fameux " Coup de l'Eventail " ...

On lui doit les plafonds peints et les tableaux qui ornent escaliers et salons.

Ces quelques photos ont, peut-être, ravivé vos souvenirs. Si vous en avez ...

L'image du bâtiment lui-même, indubitablement, doit être à jamais gravée dans nos cerveaux ! Comme un phare, la Mairie attirait les regards ; sa silhouette, un peu massive, était allégée par les arcades de l'entrée (cinq arcades - comme les cinq Arcades Romaines - mais plus élancées) et le fin beffroi-clocher. Du Coudiat ou de la Vallée du Hamma, on ne voyait qu'elle, à droite et le Monument aux Morts , à gauche.

Mais les beautés de l'intérieur ? Avaient-elles assez été " regardées" avec l'attention qu'elles méritaient ? Des dizaines d'années plus tard, on se dit : " N'ai-je pas manqué beaucoup de choses ...... ?

A suivre : L'Hôtel de Ville de Bône - Annaba

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