Le Méchoui

Publié le par Michèle Pontier-Bianco

Bêêêê .... Alors ... On va me manger ? Encre sur Canson - 30 cmx40 cm

Bêêêê .... Alors ... On va me manger ? Encre sur Canson - 30 cmx40 cm

...... L'image du "vieux bouc" mis à rôtir sur le rocher de Sidi M'Cid (cf article précédent) peut faire dériver notre esprit vers une tradition chère à tous les gens d'Algérie : le MECHOUI si festif et si convivial ! 

Le méchoui (dont le nom vient du verbe arabe "sawa" ) marque le début des repas de fêtes, mariages, diffas. Il précède un succulent couscous. L'Hôte, de sa main droite, détache des bouts de viande de la bête cuite et les offre ainsi aux invités qu'il veut honorer. Puis on découpe savamment le mouton pour dresser les plats. Mais il a lieu parfois en plein air.

 

 

 

Préparation traditionnelle

Préparation traditionnelle

Le meilleur et aussi le plus spectaculaire eut pour cadre la Caserne (ou Quartier Welvert), en ma vieille Ville-des-ponts et il fut préparé par les Tirailleurs Algériens dans les règles de l'art. La veille, ils avaient creusé deux fosses au fond de la cour, à peu près entre le Tombeau des Braves et l'Hôpital, pour vous le situer. Le feu avait été allumé bien avant la cuisson pour avoir des braises "à point" .

Quand notre groupe arriva, les bêtes étaient déjà cuites en partie. Deux beaux moutons, embrochés sur de grandes perches, rôtissaient doucement et cette viande dorée et juteuse dont la peau rissolait sous le jus dégoulinant, dégageait une odeur appétissante.

Les Tirailleurs s'appliquaient à les arroser d'une marinade fleurant le beurre, les herbes aromatiques et les épices. Ils les tournaient de temps en temps. On nous expliqua que, la veille, après avoir vidé les moutons de leurs organes (sauf les rognons) on en avait généreusement badigeonné l'intérieur. Régal assuré !

 

Présentation solennelle !

Présentation solennelle !

La cuisson de quatre heures étant terminée, ce fut la solennelle présentation des bêtes. Les hommes, tenant les perches sur  leurs épaules, s'avancèrent vers nous. Ils avaient fière allure dans leur uniforme kaki ceinturé de rouge, le turban blanc impeccablement drapé et l'air manifestement satisfait de leur réussite : la tradition avait été respectée en tous points.

J'ai connu d'autres méchouis plus simples. L'été, de nombreuses associations d'anciens d'Algérie en organisent ; ce sont des prétextes à retrouvailles et pique-nique. Beaucoup n'ont jamais, dans leur jeunesse, approché un mouton entier, cuisant à la broche au-dessus d'un feu de bois. Mais mieux vaut tard que jamais pour s'initier à cette pratique séculaire si sympathique, surtout avec des amis retrouvés !

Note : "sawa " se prononce "chawa"

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