Le Kroubs ...transformé

Publié le 2 octobre 2017 par Michèle Pontier-Bianco

" S'aérer " quand on habitait la ville, cela pouvait signifier : aller au Djebel-Ouach, dans les hauteurs, ou, au contraire : aller vers Le Kroubs, en passant parfois par l'aérodrome de Oued -Hamimine. Là, on se promenait en lisière des champs pour ne pas marcher sur la route et en même temps, ne pas écraser les cultures.

Le Kroubs avait, en effet, une vocation agricole : on y trouvait des céréales, des vignes, des arbres fruitiers et son marché hebdomadaire était célèbre. Ses champs d'orge et de blé justifiaient son appellation de " grenier de la région " . Il jouissait aussi d'une position-clé, étant placé à un carrefour de voies allant vers les grandes directions.

En 1945 il prit une notable importance. En effet, un certain Tourette (lequel oeuvrait depuis des des années pour l'élevage en Algérie) , avait déjà en 1942 pensé ce projet : ce fut donc la création d'une " Station Expérimentale de l'Elevage Algérien et de ses Industries Annexes " . Elle fut installée sur le Domaine de Baraouia.

Surmontant les pénibles souvenirs datant d'une soixantaine d'années, El-Khroub s'est développé de façon spectaculaire. Sa population serait donc passée de 3 à 4 000 habitants dans les années 60, à plus de 400 000 actuellement et c'est toujours un grand marché !

Devenu chef-lieu d'une agglomération de localités, il s'est étendu par la construction d'immeubles formant des petites cités. Apparemment, c'est ainsi que, ce que j'appelais " Le champ du lézard " , est recouvert d'habitations ! Il me faut expliquer l'histoire du lézard !

Nos promenades le long des champs nous permettaient de découvrir des plantes ou des animaux. C'est ainsi que nous avions trouvé tout un nid de scorpions le jour où mon petit frère avait eu l'idée bizarre de soulever une grosse pierre plate ; et que nous avions vu un lézard d'une taille maximum qui s'était pris dans une flaque de goudron rejetée sur le côté de la route lors de travaux !

De l'espèce de ceux qui se faufilent entre les murailles, il dépassait la vingtaine de centimètres, un vrai petit dragon ! Il était recouvert d'écailles noires, vertes et jaunes. Tout englué, il avait pu se retourner sur le dos, tortillant en vain sa tête pour la dégager, sa gueule ouverte. Nos tentatives pour l'aider avec des petites branches, n'avaient servi à rien. Quelqu'un émit l'idée d'abréger ses souffrances. Comme il n'y avait rien d'autre à faire, nous nous sommes éloignés pour ne pas regarder ...

Un but agréable était de terminer nos balades par une dégustation de délicieuses brochettes parfumées au " kamoun " dans un café, situé dans la rue principale bordée d'ormeaux.

A l'écart des habitations se dressait le tombeau de Massinissa, démantelé quelque peu par un tremblement de terre. Les blocs détachés gisaient tout autour ; ils sont toujours là. On peut rappeler que Massinissa fut le grand roi auquel on doit l'unification de la Numidie dont Cirta était la capitale. Manoeuvrant adroitement avec les Romains, face aux ambitions de Carthage, il réussit à fédérer, presque en totalité, le Nord de l'Afrique. Il régna soixante ans et mourut en l'an 148 à Cirta.

Son mausolée a, hélas subi les outrages du temps et ... des hommes qui l'ont mal préservé. En 1915 et 1916, des archéologues du temps ont pu y réaliser des fouilles intéressantes puis l'ont muré à nouveau. En 2015, année de la Culture à Constantine, il a été, en quelque sorte, redécouvert. On a donc songé à des travaux pour réhabiliter le site.

El-Khroub, retrouvant son passé, pourra peut-être élaborer un ambitieux projet qui contribuera à la Culture, celle des esprits, du savoir, afin d'attirer aussi bien les touristes que les chercheurs.